Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

Portrait de Maurice Barrès par Jacques-Émile Blanche, vers 1890. Huile sur toile 99, x 82 cm. © Bibliothèque nationale de France, Paris

Portrait

Mort il y a cent ans, qui était Maurice Barrès ?

Samuel Lacroix publié le 04 décembre 2023 7 min

Adulé par les écrivains de son temps, Maurice Barrès est aujourd’hui tombé dans un relatif oubli. Chantre du nationalisme français et figure de proue de l’antidreyfusisme, ses mauvais combats auront, malgré des prises de position fluctuantes, indéniablement entaché son œuvre littéraire. Qui était réellement ce sulfureux mentor des lettres françaises ?


 

Disparu le 4 décembre 1923, Maurice Barrès a été l’un des écrivains les plus importants et influents de son temps. François Mauriac, André Breton, Pierre Drieu La Rochelle, Louis Aragon, jusqu’à Marcel Proust ou encore André Malraux… tous reconnaissent son génie littéraire et, pour beaucoup, vantent la générosité de l’écrivain dans ses recommandations et ses appuis. On a coutume, pour le présenter, de distinguer deux, voire trois Barrès : celui de la trilogie romanesque Le Culte du moi (1888-1993) d’une part, puis du Roman de l’énergie nationale (1897-1902), d’autre part, et enfin de l’essai Les Diverses Familles spirituelles de la France (1917).

Le moi contre les barbares

La première trilogie, composée des romans Sous l’œil des barbares (1888), Un homme libre (1889) et Le Jardin de Bérénice (1891), lui assure un succès fulgurant. Elle impose comme « prince de la jeunesse » celui qui déclarait « j’écris pour les enfants et les tout jeunes gens » (Un homme libre). Dans une fibre mi-nihiliste mi-romantique, parfois assez proche de l’anarchisme individualiste développé par Max Stirner dans L’Unique et sa propriété (1844) – que l’écrivain n’a, à notre connaissance, pas lu –, Barrès fait dans ces romans de l’entité du « moi » « l’unique réalité » (Sous l’œil des barbares), dont il s’agit d’assurer les possibilités de déploiement, ce qui suppose une défense contre autrui : « les barbares ». « Chacun, hors de moi, n’est que barbare », stipule ainsi le jeune homme, qui invite dans une sorte de solipsisme littéraire à un recentrement égotique sur sa propre individualité, à une pensée solitaire faisant signe vers l’épanouissement de sa propre sensibilité. Dans le second roman, il fixe à cet effet une méthode en trois principes : « Premier principe : nous ne sommes jamais si heureux que dans l’exaltation. Deuxième principe : ce qui augmente beaucoup le plaisir de l’exaltation, c’est de l’analyser. Troisième principe : il faut sentir le plus possible en analysant le plus possible. » Cette volonté d’analyse de soi le fait remonter à son territoire, la Lorraine, ainsi qu’à son passé et à ses ancêtres : « Chaque individu possède la puissance de vibrer à tous les battements dont le cœur de ses parents fut agité au long des siècles. » Ainsi, dès la période « anar » du jeune Maurice Barrès, on voit poindre, au-delà de l’individualisme égotique, le chantre de « la terre et [d]es morts » qui s’affirmera dans Le Roman de l’énergie nationale. À cette date-là, Barrès est d’ailleurs déjà engagé en politique. Comme Paul Déroulède, le fondateur de la Ligue des patriotes, il rêve d’un pouvoir à la fois populaire et autoritaire, sans pour autant vouloir rompre avec la République. Il se tourne à cet effet vers le populisme porté par le général Georges Boulanger, en allant, rappelle l’historien Michel Winock (À l’ombre de Maurice Barrès, dir. Antoine Compagnon, Gallimard, 2023), jusqu’à s’affirmer pour sa part socialiste, et se fait élire député boulangiste de Nancy en 1889. Le même Michel Winock relève que Barrès, qui nourrit un antiparlementarisme de plus en plus grand allant de pair avec le désir d’un régime présidentialiste, notamment à partir du scandale de Panama, en 1892, commence peu à peu à emprunter à Édouard Drumont son antisémitisme à des fins d’unification des exploités, allant jusqu’à signer une brochure Contre les étrangers, en 1893, puis diriger la revue nationaliste La Cocarde de 1894 à 95.

Écrivain célébré par ses pairs mais aussi patriote antisémite : le cas Barrès
Expresso : les parcours interactifs
Épicure et le bonheur
Pourquoi avons-nous tant de mal à être heureux ? Parce que nous ne suivons pas le chemin adéquat pour atteindre le bonheur, nous explique Épicure, qui propose sa propre voie. 
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Article
7 min
Guillaume Barrera : “Vouloir fuir le chaos en ouvrant les vannes du plus grand des chaos, c’est absurde”
Nicolas Gastineau 12 mai 2021

Le 21 avril, une lettre rédigée par un ancien officier de l’Armée de Terre, Jean-Pierre Fabre-Bernadac, et signée par de nombreux officiers à le…

Guillaume Barrera : “Vouloir fuir le chaos en ouvrant les vannes du plus grand des chaos, c’est absurde”

Article
3 min
Proust et l’Affaire Dreyfus
Bérénice Levet

Proust, comme la plupart de ceux qui le seront, ne devient dreyfusard qu’en 1897, lorsqu’il apprend que le bordereau exhumé des poubelles de l’ambassade d’Allemagne, sur lequel Dreyfus fut convaincu de haute trahison, est un faux…


Article
4 min
Écosse : un nationalisme cosmopolite ?
Helena Schäfer 27 janvier 2021

Le Brexit a eu pour effet collatéral de renforcer le nationalisme des Écossais, qui réclament, de plus en plus, leur indépendance vis-à-vis du…

Écosse : un nationalisme cosmopolite ?

Article
6 min
Guy Konopnicki : “Le droit d’aînesse du catholicisme en France est une contre-vérité historique”
Jean-Marie Durand 21 février 2022

Dimanche dernier, Éric Zemmour était en meeting au Mont-Saint-Michel. Fidèle au discours de « reconquête » qu’il tient depuis le…

Guy Konopnicki : “Le droit d’aînesse du catholicisme en France est une contre-vérité historique”

Article
6 min
La culture est-elle moins importante que la religion ?
Hannah Attar 09 février 2021

Le culturel est-il moins sacré que le cultuel ? L’actualité de cette question a ressurgi avec la crise sanitaire… et la décision de…

La culture est-elle moins importante que la religion ?

Article
9 min
Yascha Mounk : “Il faut se battre pour domestiquer le nationalisme”
Cédric Enjalbert 20 septembre 2018

Auteur d’un best-seller analysant la montée des populismes, Yascha Mounk redoute la mort des démocraties libérales en Occident. Analysant comment…

Yascha Mounk : “Il faut se battre pour domestiquer le nationalisme”

Dialogue
8 min
Emma Becker-Arthur Dreyfus. Au-dessous du volcan
Cédric Enjalbert 08 juillet 2021

Elle s’est immergée dans un bordel berlinois pour décrire dans La Maison cette « ombre claire » de la sexualité tarifée, explorant ses…

Emma Becker-Arthur Dreyfus. Au-dessous du volcan

Bac philo
3 min
Autrui
Nicolas Tenaillon 01 août 2012

Autrui désigne une autre conscience que la mienne. Cette notion a un sens plus restreint que l’autre, qui peut renvoyer à une chose, à un animal ou, avec une majuscule, à Dieu Lui-même. Liée à la philosophie de la conscience qui naît…


À Lire aussi
Le nationalisme et le patriotisme selon Orwell
mars 2023
“Seinfeld”, une série culte qui n’a peur de rien
“Seinfeld”, une série culte qui n’a peur de rien
Par Jean-Marie Pottier
octobre 2021
L’histoire
Par Nicolas Tenaillon
août 2012
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. Mort il y a cent ans, qui était Maurice Barrès ?
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse