Musée national de l’Histoire de l’immigration : le grand renouvellement
Le parcours de l’exposition permanente de l’institution parisienne fait peau neuve pour mieux mettre en lumière les vies concrètes d’étrangers qui ont fait et font notre histoire commune.
Onze dates historiques jalonnent l’exposition permanente du musée national de l’Histoire de l’immigration. Le nouveau parcours chronologique débute ainsi en 1685, année de la parution du Code noir de Colbert, et se prolonge jusqu’à aujourd’hui, mêlant les cartels scientifiques, les objets historiques, les témoignages et les œuvres d’art. Certaines ont d’ailleurs été commandées pour l’occasion, comme le lustre composé de chaînes dorées et de coquillages, évoquant l’esclavage, à l’entrée. D’autres sont tirées des fonds du musée, comme Naufragés, un tableau du peintre Maxime Biou, ou la touchante série « voitures cathédrales » photographiée par Thomas Mailaender (photo). La réussite de cet accrochage repose, bien sûr, sur la qualité du discours scientifique – issu d’une longue réflexion menée auprès de philosophes, de sociologues, de géographes et d’historiens depuis 2018 – et sur la chaleureuse scénographie, où images, sons et vidéos se répondent. Elle tient surtout à la possibilité de palper l’épaisseur de vies concrètes, la sensibilité des trajectoires individuelles qui font la trame de l’histoire. Parmi eux, il y a des inconnus, mais aussi Karl Marx résidant en France en 1848, Albert Camus, qui rappelle son attachement à sa terre natale algérienne en 1956, ou encore Pablo Picasso, dont on découvre le dossier d’étranger constitué par la préfecture de police… qui fait de lui un « anarchiste surveillé » et lui refuse finalement la naturalisation. Hannah Arendt témoigne, elle, dans un texte intitulé « Nous autres réfugiés », cité sur l’un des murs du parcours, de son internement au camp de Gurs en mai 1940 et de la difficulté à trouver sa place et son identité quand on est ainsi déplacé. « Nous avons perdu notre foyer, c’est-à-dire la familiarité de notre vie quotidienne. Nous avons perdu notre profession, c’est-à-dire l’assurance d’être de quelque utilité en ce monde. Nous avons perdu notre langue maternelle, c’est-à-dire nos réactions naturelles, la simplicité des gestes et l’expression spontanée de nos sentiments, écrit-elle. […] Nous essayâmes ridiculement de jouer le rôle de Français – ou tout au moins de futurs citoyens ; mais au début de la guerre on nous interna en qualité de “boches” comme si de rien n’était. » En rendant compte de la richesse de ces destins particuliers bien que communs, ce musée vivant rappelle que 10 % de la population en France est immigrée et que plus d’un Français sur quatre est issu de l’immigration. Est-ce ainsi, par cet effet de réalité, que l’on dissipe les peurs, qu’on déjoue les assignations à résidence et les fantasmes identitaires ?
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