Ni race ni histoire
Les grands penseurs relativistes sont rares. Beaucoup de philosophes croient même l’affaire réglée au IVe siècle avant J.-C., par Platon, dans le Thééthète. À Protagoras, qui professe que l’homme est la mesure de toute chose, Socrate oppose que le relativiste doit accepter qu’il se trompe autant de fois que d’autres trouvent qu’il se trompe (171a-b) : le relativisme serait autoréfutateur, illogique donc, son compte est bon !
Race et Histoire montre, à l’inverse, que le relativisme est une source mal connue de vérités scientifiques. L’anthropologie est cette étrange discipline scientifique qui fait de la possibilité de penser et de sentir autrement, donc de faire varier son référentiel, un moyen de produire de nouvelles vérités. Mais Lévi-Strauss ne se cache pas derrière l’idée d’un relativisme purement méthodologique. Il en fait une position à la fois philosophique et politique.
Le livre est une commande. Après la grande catastrophe du nazisme, l’Unesco nouvellement fondée demande à quelques scientifiques de renom une série de brochures pour discréditer le racisme [1]. Lévi-Strauss déborde du cadre immédiatement : ce n’est pas tant le problème de la corrélation entre ensemble de traits biologiques et ensemble de traits culturels qui l’intéresse, que l’idée même d’une hiérarchie des cultures. Il s’attaque ainsi au mythe fondateur par lequel nos États ont justifié la colonisation du monde et continuent de fonder leur interventionnisme erratique : celui du Progrès.
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