Olivier Rey : être mieux avec moins ?
Après avoir longtemps ignoré les limites de notre modèle de croissance, les élites prônent dorénavant un retour à la sobriété. Pour le philosophe et mathématicien Olivier Rey, celle-ci ne doit pas prendre la forme d’une austérité qui tombe d’en haut mais d’une sagesse joyeuse, désirable pour elle-même.
Face aux crises climatique et énergétique, Emmanuel Macron a pris acte de « la fin de l’insouciance » et en a appelé à un nouveau mode de vie s’appuyant sur la « sobriété », tout en assurant défendre le pouvoir d’achat. Notre modèle, fondé sur une croissance infinie dans un monde aux ressources finies, ne se heurte-t-il pas à un mur ?
Olivier Rey : Cela fait un demi-siècle que Dennis Meadows et ses collègues du Massachusetts Institute of Technology ont remis au Club de Rome leur rapport « The Limits to Growth » [« Les limites à la croissance »], qui montrait que le modèle de croissance économique en vigueur conduisait à des impasses. L’« insouciance » évoquée par Emmanuel Macron est donc, essentiellement, celle des milieux économiques et politiques auxquels il appartient et qui ont ignoré ces avertissements. Cette fin de non-recevoir a aggravé doublement la situation. D’une part, en cinquante ans, les milieux naturels se sont dégradés à grande vitesse ; d’autre part, durant la même période, nos modes de vie sont devenus encore plus dépendants de la matrice technologique. C’est pour cela qu’il est indispensable de soutenir le « pouvoir d’achat » : aujourd’hui, beaucoup de consommations ne sont pas des luxes mais des contraintes, voire des nécessités. Il en va ainsi, pour un grand nombre de personnes, de l’usage de l’automobile. D’où cette tension : il faudrait diminuer la consommation d’hydrocarbures tout en empêchant le prix de l’essence de trop augmenter. Par ailleurs, au contraire des mondes traditionnels, le monde moderne est structurellement instable, il a besoin de croissance pour persévérer dans son être – ne serait-ce qu’en raison du prêt à intérêt. D’où la double injonction actuelle de sobriété imposée par la raréfaction des ressources et, malgré tout, d’une perspective de croissance. Contradiction que le président du Medef a condensée en une formule : la « croissance sobre ».
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