Ivan Illich. Son œuvre

Mathilde Lequin publié le 2 min

Face aux poids des institutions et à l’apparente absurdité des sociétés industrielles, les livres d’Ivan Illich apparaissent comme un remède vivifiant.

Dans les années 1970, quatre essais font d’Ivan Illich le penseur star de la décroissance, pourfendant la « surcroissance » alimentée par les institutions et les techniques de la société de consommation. Première cible : l’institution scolaire, présentée dans Une société sans école (trad. G. Durand, 1971) comme un système de distribution massive de connaissances dans lequel la productivité de l’élève-consommateur est sans cesse évaluée. L’école étant devenue une « agence de publicité qui nous fait croire que nous avons besoin de la société telle qu’elle est », le titre original de l’ouvrage, Deschooling society, en appelle à « déscolariser la société ». Deuxième cheval de bataille : la politique énergétique, abordée dans le recueil d’articles Énergie et Équité, paru en 1973 (trad. L. Giard). En plein choc pétrolier, Illich a le culot d’affirmer que le problème n’est pas la pénurie d’énergie, mais son abondance, qui nous rend toujours plus dépendants des automobiles et finit par nous faire perdre du temps au lieu d’en gagner. Troisième grief : le suroutillage des sociétés industrialisées, dont les effets pervers sont pointés dans La Convivialité (1973). « L’homme a besoin d’un outil avec lequel travailler, pas d’un outillage qui travaille à sa place », explique-t-il en jetant les bases d’une « société conviviale » fondée sur le partage des connaissances et un mode de production raisonné. En ligne de mire, enfin, la surmédicalisation de la santé, à laquelle s’attaque Némésis médicale (1974, traduit en français par l’auteur en 1975) : au-delà d’une certaine limite, le système finit par produire des effets inverses de ceux escomptés. L’option de la décroissance est ainsi un remède à l’absurdité.

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