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Norman Ajari, Alain Finkielkraut et Marylin Maeso. © CP – Joël SAGET © AFP – Hannah Assouline © opale.photo – montage PM

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“Où commence le racisme ?” Réécoutez l’émission d’Alain Finkielkraut avec Norman Ajari et Marylin Maeso

La Rédaction publié le 04 septembre 2023 5 min

Pour la rentrée de son émission de radio Répliques, Alain Finkielkraut a invité les jeunes philosophes Norman Ajari et Marylin Maeso, auteurs du livre Où commence le racisme ?, paru en mai dernier chez Philosophie magazine Éditeur. Voici une sélection de leurs propos (vous pouvez également retrouver le podcast intégral de l’émission sur le site de France Culture).

Notre ouvrage reste quant à lui disponible en librairie ou en commande sur notre boutique en ligne.


Le racisme comme la peste de Camus

Marylin Maeso : L’image de la peste est bien choisie. Le racisme, comme la peste, ne disparaît pas. Le problème ces épidémies, qu’elles soient réelles ou métaphoriques, c’est qu’on est tellement habitués à repérer des symptômes spectaculaires que parfois, parce que notre vue ou notre attention baissent, on n’est plus capables de percevoir que le mal est encore là. Concernant le racisme aujourd’hui, je n’ai pas l’impression qu’il y ait de la nouveauté.

Norman Ajari : Le retour se fait peut-être au niveau symptomatique ou « symptomal », c’est-à-dire au niveau de paroles, de violences verbales, d’expressions plus virulentes et plus débridées que jamais. Mais l’expérience du racisme, l’expérience des populations noires, arabes notamment en France, cette expérience-là, je crois, présente une certaine continuité.

Xénophobie : protéger sa culture ou la condamner ?

N. A. : La volonté de « rester un peuple ou une civilisation » est l’implacable condition de possibilité du racisme. Ça suppose la création de certains codes de conduite qui discriminent entre ce qui est conforme à notre tradition et ce qui ne l’est pas. Il y a une différence, depuis le Phèdre de Platon, entre l’écriture – c’est-à-dire la conservation, la réification d’une culture devenue mécanique et extérieure à nous même, que l’on entoure de murailles –, la mémoire et le fait d’habiter existentiellement une culture. Je ne crois pas au caractère désirable d’une culture qui se baserait sur des fondations xénophobes.

M. M. : Pour Lévi-Strauss, c’est le propre de toute culture, en particulier face à une culture dominante, de vouloir se refermer sur elle-même pour se protéger, ce qui ne suffit pas à caractériser un racisme fondé sur la hiérarchisation entre différents groupes. L’avenir lui a donné tort. Il y a eu une mutation du racisme après la Seconde Guerre mondiale, qui se traduit non plus par des discours du type « nous sommes supérieurs à vous », mais des discours du type « il y a nous, il y a vous, on ne hiérarchise pas mais il y a incompatibilité culturelle ».

N. A. : Le problème de la réification culturelle, qui est l’un des ingrédients des discours de droite, est la fabrication de synthèse d’une espèce de culture fasciste qui va remplacer la complexité, les contradictions, les oppositions, les subtilités qui font partie de tout héritage culturel qui est un espace de confrontation, de discussion.

M. M. : Il y a des jeunes qui voudraient se sentir français et qui ne se sentent pas totalement intégrés parce qu’on les rappelle, dans leur quotidien, à ce qui fait leur différence. Si la simple vue de visages qui ne vous ressemblent pas est cause d’un sentiment d’insécurité, alors il y a un problème fondamental de racisme.

Islamophobie, une forme moderne de l’antisémitisme “classique” ?

N. A. : L’antisémitisme continue de jouer une partie des rôles qu’il a joués auparavant, dans les théories du complot. La fonction qui a été reprise par l’islamophobie est une fonction d’exécration physique, de désir d’identifier des individus qui ne sont pas exactement comme nous et tiennent une place de « contaminants » pour la culture majoritaire. Ce qui ne signifie pas que l’islamophobie casse et annule l’antisémitisme traditionnel.

M. M. : Il y a plusieurs risques à faire ce genre de comparaisons rapides. D’une part, celui de nier la singularité de chaque forme de racisme. D’autre part, créer une sorte de concurrence victimaire. Il y a une spécificité de l’antisémitisme qui est le pouvoir que l’on prête aux Juifs et qui explique les formes que prend ce racisme. Avec l’islamophobie, il y a d’autres mécanismes qui se mettent en place.

L’“affaire Médine” : représentatrice d’un antisémitisme systémique ?

N. A. : Je suis perplexe par rapport à cette situation. Nous n’avons pas de manières d’attester sans l’ombre d’un doute que ses discours sont antisémites alors que lorsqu’on parle traditionnellement de racisme systémique, ces attestations, nous les avons.

M. M. : Restons sur ce qui est attestable. Il a évolué durant longtemps dans la sphère de Dieudonné dont il a eu du mal à se détacher. Ce n’est pas une instance ou un jeu de mots dont il est question mais une convergence de signaux assez explicites qui lui ont été reprochés. De ce point de vue, le rappeur Médine est pour moi assez représentatif de la gauche d’aujourd’hui dans son incapacité à reconnaître l’antisémitisme.

Le port de l’abaya

M. M. : J’ai l’impression que le débat qui a émergé depuis l’annonce du ministre de l’interdiction de l’abaya est un peu le même que celui qui avait émergé au moment de la question de l’interdiction du voile. Simplement, dans ce cas, ce sont les enseignants qui vont être chargés de faire appliquer cette nouvelle règle. La question est alors : où poser le curseur ? où poser la limite par exemple, entre une abaya à proprement parler ou une robe un peu ample ? Je pense que là, effectivement, il peut y avoir un risque d’arbitraire, et le risque aussi de faire tomber sur les professeurs une responsabilité qui ne devrait pas être la leur. 

N. A. : Je ne crois pas à la mission civilisatrice de ces institutions d’État. Ce n’est pas la mission des collèges et des lycées de libérer les femmes de leur propre famille, de l’image qu’on s’en fait, de ce qui serait « l’arriération de leur propre culture ». L’idée selon laquelle ces vêtements cacheraient des intentions violentes, brutales, fait partie du problème, de l’intériorisation d’une logique de guerre non conventionnelle qui depuis le 11-Septembre est devenue notre pain quotidien. L’idée qu’il faudrait détecter les personnes radicalisées afin de les réprimer pour empêcher de potentielles attaques. Le delta entre le danger réel et la suspicion, les moyens sécuritaires de répression mis en place est assez inquiétant.

M. M. : La démocratie libérale a des idéaux nobles. Mais l’école a un rôle : donner à tous la même éducation. Quand il se produit quelque chose dans le cadre scolaire qui l’empêche de remplir ce rôle, il est logique que l’État intervienne.

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