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© Jules Julien pour PM.

Le classique subjectif

Marylin Maeso : “Pour Camus, il existe une solidarité dans la solitude”

Marylin Maeso, propos recueillis par Victorine de Oliveira publié le 03 juin 2021 11 min

La rencontre avec Albert Camus a sauvé la vie de Marylin Maeso. Alors qu’adolescente, elle est hantée par la question du suicide, elle découvre en Camus un compagnon de solitude. Aujourd’hui, sa pensée, qui est tout sauf un juste milieu confortable, constitue un guide éthique pour mener dans la cité un débat réel où l’on refuse de « simplifier l’adversaire ».

 

Albert Camus, les dates clés
1913
Il naît à Mondovi en Algérie dans une famille modeste de pieds-noirs. Son père meurt au front l’année suivante.
1935 Il adhère au Parti communiste algérien, avec lequel il rompt un an plus tard.
1942 Il publie son premier roman chez Gallimard, L’Étranger.
1943 Il entre au journal Combat affilié à la Résistance.
1957 On lui décerne le prix Nobel de littérature.
1960 Il meurt dans un accident de voiture dans l’Yonne. Le manuscrit inachevé du Premier Homme est retrouvé sur place.

 

« J’ai une dette envers Camus qui est à la fois intellectuelle et existentielle. J’avais 17 ans lorsque notre professeur de philosophie nous a distribué la première page du Mythe de Sisyphe, qui commence par cette célèbre formule : “Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide.” À cette époque, j’allais très mal, des idées suicidaires me plombaient l’esprit, et cette lecture m’a littéralement sauvé la vie. Je portais depuis l’enfance une noirceur trop lourde pour moi, que je n’arrivais pas à exprimer. On m’a inculqué une éthique de l’endurance, qui a ses vertus, mais qui m’a fait grandir avec l’idée qu’il fallait prendre sur soi, se taire et encaisser. J’allais visiblement mal, mais je ne me confiais pas. Je partais du principe que le suicide était une chose honteuse, qui ne concernait que moi et qu’il ne valait pas la peine que j’en parle : à quoi bon ? En lisant par la suite l’essai de Camus à la bibliothèque du lycée, je me suis rendu compte que ce n’était pas uniquement mon problème à moi mais un problème philosophique. C’est-à-dire un problème qui peut concerner n’importe qui, puisqu’il touche à la condition humaine en tant que telle, et qui peut se penser, se dire et s’écrire au-delà de l’affect. Cela a eu un impact décisif sur ma vie et sur ma carrière, parce que j’ai compris que la philosophie était une discipline grâce à laquelle on peut aborder des sujets extrêmement abstraits, des problèmes métaphysiques, mais aussi toucher à des réalités concrètes, physiques, qui con­cernent un très grand nombre de personnes. Pour le dire en termes camusiens : j’ai pris conscience qu’il existe une solidarité jusque dans la solitude.

Pourtant, Le Mythe de Sisyphe n’est pas un texte qui console. Il n’offre aucune vérité immuable sur laquelle se reposer, aucun réconfort. Il traite un sujet éprouvant de manière frontale, voire un peu brutale. On ne sort pas indemne d’une telle lecture, mais on en sort grandi. Je me méfie des catéchismes ou des mythes qui ont pour but de donner un sens prédéterminé aux choses, et plus généralement de tout ce qui commande une forme d’adhésion aveugle. Dès l’enfance, je me suis toujours posé des questions, ce qui avait le don d’agacer mon entourage. Mais Camus m’a permis de me les poser avec lui et de comprendre qu’on avance peut-être moins vite avec des doutes qu’avec des certitudes, mais qu’il s’agit du prix à payer pour se frayer un chemin lucide et jouissif, malgré tout.

J’ai fait du catéchisme quand j’étais petite, dans une école catholique, et mon professeur avait justement tendance à présenter les textes comme des solutions et à voir d’un mauvais œil quiconque les interrogeait. J’ai également le souvenir marquant de réprimandes reçues de la part du curé de ma paroisse qui n’avait pas apprécié qu’une gamine le questionne de manière insistante sur la Bible. »

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