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Illustration : © Séverine Scaglia pour PM

Vos questions

“Peut-on croire en Dieu sans perdre la raison ?”

Charles Pépin publié le 25 mars 2021 3 min

Question de Martin Labrune

Je ne crois pas. Croire en Dieu, au sens le plus fort, revient précisément à entretenir avec le mystère de l’existence un rapport non rationnel, à la fois déraisonnable et irrationnel. « Prends ton fils, […] tu l’offriras en holocauste », est-il écrit dans la Genèse. C’est ainsi que le Dieu de la Bible demande à Abraham de prouver sa foi, en faisant une confiance aveugle à Dieu, au point de lui sacrifier son fils. Ne faut-il pas perdre la raison pour sacrifier la vie bien réelle de son enfant à un Dieu hypothétique ? Søren Kierkegaard définit d’ailleurs la foi comme « un saut méta-rationnel » : elle est une décision qui ne prend son sens que dans l’au-­delà de la raison. Si l’on suit Kierkegaard, défendre de manière raisonnée ou raisonnable des valeurs religieuses, chrétiennes par exemple (famille, charité, amour…), revient à ne pas croire véritablement en Dieu, à être incapable de ce « saut méta-rationnel », fou au sens propre, qu’est la foi. Dans Ordet (1955), le chef-d’œuvre de Carl Theodor Dreyer, on entend Jésus déclarer : « Pourquoi, parmi les croyants, personne ne croit ? » Autrement dit : pourquoi tous ceux qui se définissent socialement comme croyants ne sont-ils pas capables de s’en remettre vraiment à Dieu, de perdre la raison pour trouver enfin son Amour ? « Dieu ne se prouve pas, il s’éprouve », écrivait aussi Pascal. Pour lui comme pour Kierkegaard ou Dreyer (dont le film se veut une mise en scène de la foi selon Kierkegaard), une « théologie rationnelle » est donc un contre-sens, une trahison de la foi (dont la beauté tient à la folie même) autant que de la raison (qui devrait s’en tenir à ce qu’elle peut démontrer). On pourrait toutefois leur objecter que « croire en Dieu » peut s’entendre de manière moins radicale. Pour Kant, croire en Dieu revient ainsi à se représenter comme possible l’idée de Dieu, qu’il définit même… comme « une idée de la raison » ! Pour le philosophe italien Gianni Vattimo, « croire » revient à « accepter l’hypothèse de l’existence de Dieu », à accorder du crédit à cette hypothèse. Dans ce cas, on peut croire en Dieu sans perdre la raison, et même voir en l’idée ou en l’hypothèse de Dieu une occasion pour la raison de déployer son pouvoir au-delà de ses limites habituelles. Reste une question : croire en Dieu ainsi, en continuant à en douter, accepter simplement l’hypothèse intellectuelle de l’existence de Dieu, est-ce véritablement croire en Dieu ? 

 

“La joie est-elle toujours communicative ?”

Question de Sandra Fromentin

Non, pas toujours. Pour une bonne raison : la joie est parfois secrète, intérieure, non visible… et donc difficilement communicative. La joie de certains êtres ne se laisse pas ainsi facilement apercevoir, même si l’on découvre après coup sa profondeur. Par ailleurs, la joie des uns peut parfois être perçue par les autres comme une agression. Quand un être souffre, se sent victime d’une injustice ou est dévoré par le ressentiment, il éprouve un besoin de compassion et attend de l’autre qu’il commence par le comprendre, par juger sa souffrance légitime, et non qu’il persiste dans sa joie de vivre – et encore moins qu’il essaie de la lui communiquer. Pour celles et ceux qui ne s’en sentent pas – ou plus – capables, la joie peut sembler parfois scandaleuse.

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Article issu du magazine n°148 mars 2021 Lire en ligne
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