Pierre Caye : “Le défi écologique exige de repenser la durabilité : du travail, de la technique, du capital”
Alors que l’écologie s’impose dans l’agenda politique, les dirigeants peinent à se conformer à leur engagement. Le philosophe Pierre Caye, récent auteur de Durer. Éléments pour la transformation du système productif (Les Belles Lettres) soutient que pour agir efficacement, il faut d’abord repenser la durabilité de ce que nous produisons. Contre les collapsologues et les décroissants, pressés de sortir de notre monde, il appelle à rendre durables l’économie, l’agriculture et l’architecture. Explications.
La semaine dernière, le Conseil d’État donnait trois mois au gouvernement pour prouver qu’il respecte ses engagements climatiques, alors que, dans le même temps, ce gouvernement portait le projet de « délit d’écocide » destiné à punir les atteintes les plus graves portées à la nature. Est-ce un début de prise en compte politique du problème ?
Pierre Caye : Depuis cinquante ans, l’écologie figure sur l’agenda des politiques publiques. Petit à petit, un consensus national et international s’est formé en faveur de la défense de l’environnement. Les rapports, les grandes conférences, les lois, certaines à valeur constitutionnelle, se sont multipliées. Et pourtant, les résultats ne sont pas au rendez-vous : le réchauffement climatique s’intensifie, la biodiversité est de plus en plus menacée, l’usage des pesticides et des engrais de synthèse ne cesse de se répandre. Ce manque de résultat est décourageant : il finit par fissurer le consensus autour de l’écologie. À quoi bon alors tous ces efforts, risque-t-on de se dire ? Je reviens au nouveau délit d’écocide que vous venez d’évoquer : tout ce qui contribue à renforcer le droit de l’environnement est une bonne chose, mais on ne peut concevoir le droit de l’environnement seulement sous l’angle pénal. Il faut avoir une vision plus large qui touche aux structures mêmes du droit civil. Le législateur semble se cacher derrière le droit pénal pour ne pas prendre ses responsabilités en terme de transformation du droit civil, et notamment du droit de propriété, qui ne peut plus se présenter sous la forme de la tyrannie d’un sujet humain sur un objet, mais qui revêt de plus en plus aujourd’hui la forme d’un « faisceau de droits » aux mains de différents acteurs appelés à collaborer pour une gestion plus raisonnable des biens.
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