Quatre films de Miyazaki au prisme de la philosophie
Souvent considéré comme l’alter ego japonais de Walt Disney, Hayao Miyazaki jouit depuis la fin des années 1980 d’une reconnaissance internationale. Mon Voisin Totoro (1988), Princesse Mononoké (1997) et Le Voyage de Chihiro (2001) ont traversé le temps et l’espace pour partager des leçons de vie et de sagesse avec la jeune génération. Puisque les vagues successives de la pandémie ont repoussé de plusieurs années la sortie de son prochain long métrage, Comment vivez-vous ? (prévu pour 2023), nous proposons aux plus impatients une promenade philosophique sur le chemin de ses plus grandes œuvres.
Nausicaä de la Vallée du Vent (1984) : L’amor mundi d’une princesse
Nausicaä est le premier film attribué au futur studio Ghibli, et le deuxième de Miyazaki. Il raconte l’histoire d’un monde post-apocalyptique, détruit par les humains et leur avidité, la pollution et les guerres. L’espèce humaine est alors au bord de l’extinction, répartie en quelques royaumes difficilement adaptés à la nouvelle biosphère. Certains, comme celui de la princesse Nausicaä, sont menacés par l’avancée d’une forêt toxique, la fukai (腐海), qui empoisonne les sols, l’eau et l’air. Alors que les habitants des royaumes voisins se font de nouveau la guerre, la princesse s’adonne à des recherches scientifiques pour mieux comprendre la fukai. Elle est animée d’un grand amour de la nature et de la vie, œuvrant sans cesse à la réconciliation des hommes avec leur environnement.
Dans un article consacré aux films de Miyazaki, l’anthropologue et chercheuse en philosophie Lucie Conjard développe l’idée d’un lien entre la posture de la princesse et l’amor mundi de Hannah Arendt. Dans une lettre à Karl Jaspers du 6 août 1955, cette dernière déclare ainsi : « J’ai commencé tard à aimer vraiment ce monde, à vrai dire ces dernières années seulement, et je devrais être capable de le faire maintenant. Par reconnaissance, j’intitulerai mon livre sur les théories politiques Amor mundi. » À force de recherches et d’analyses, la princesse Nausicaä parvient à une découverte saisissante : la fukai ne pollue pas la terre, elle la purifie. Les humains sont donc seuls coupables, mais aussi – par conséquent – seuls à pouvoir changer les choses.
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