Ugo Bienvenu. Robot pour être vrai
Tenter de dessiner le monde qui vient, beaucoup de penseurs s’y sont cassé les dents. Mais, de livre en livre, cet auteur de bande dessinée – qui a également cofondé les éditions Réalistes et travaille sur Arco, un projet de long métrage d’animation – relève le défi avec brio. En témoigne son dernier album, Total (Denoël Graphic). Ugo Bienvenu y met en scène Kirt Dorell, homme d’affaires cynique évoluant dans un futur pas si lointain où l’économie est aussi dérégulée que le désir. Robots « miroirs de nos consciences », CEO extra-terrestre irascible et psy nu comme un ver peuplent aussi ce récit virevoltant tel un morceau de free jazz… ou le cours du CAC40.
Mettez-vous quelque chose au-dessus du bonheur ?
Non, rien.
Adolescent, votre héros ?
Je n’ai jamais vraiment cherché de figure tutélaire. J’ai plutôt essayé de créer une image de moi-même qui me satisfasse et sur laquelle je puisse compter en toutes circonstances, le héros que je pouvais être.
De quoi aimez-vous être ivre ?
De travail. Quand je suis fatigué, j’atteins un état d’au-delà de la conscience, à la limite de l’euphorie. Une nouvelle énergie surgit alors, pleine de choses qui arrivent par bennes entières, d’énormes containers qui tombent dans la tête.
Votre mot favori ?
Je préfère les phrases, la manière dont les mots s’agencent, le sens qu’ils génèrent ensemble. C’est comme si l’on me demandait quel est mon roman favori : je choisis la bibliothèque.
L’animal que vous préférez à l’homme ?
Aucun, mais sans spécisme. Je préfère dessiner les hommes… Plutôt les femmes, d’ailleurs… et les robots, qui, dans mes livres, nous offrent un miroir rationnel, sans affect, statistique. Pour eux, l’important n’est pas d’avoir raison ou tort, mais de faire surgir la vérité.
Vous arrive-t-il de mentir par amour ?
Pas mentir mais omettre.
De quelle illusion vous bercez-vous ?
Que tout ira mieux demain.
Le lieu qui se rapproche pour vous le plus de la cité idéale ?
C’est un endroit où je retourne souvent et dans lequel il m’arrive de placer mes récits : Vézelay. C’est un paysage assez humble. Il y a une vérité là-bas, on y sent l’histoire de l’humanité, on voit loin.
Ce que vous ne ferez jamais gratuitement ?
Tout ! Même ce qui nous paraît « gratuit » est fait en vue d’une fin. Internet nous a appris à ne pas payer, mais, en fait, la gratuité mène au pire. Les échanges sont pour moi au cœur des rapports humains. L’économie, c’est une échelle de valeurs qui nous permet d’économiser des débats inutiles. C’est un outil incroyable !
Le meilleur conseil que l’on vous ait donné ?
Mon éditeur, Jean-Luc Fromental, m’a dit qu’il ne fallait jamais parier sur ses capacités les plus hautes et qu’il valait mieux partir du niveau que l’on pouvait garantir, le plus bas. À partir de là, on ne pouvait que progresser. Ma mère m’a toujours rappelé qu’il fallait avoir confiance en moi, car les autres, eux, n’auront pas confiance en moi a priori. Et mon père m’a dit : « Ex falso verum sequitur » – « du faux peut jaillir le vrai ». Quant à ma femme, elle m’a ouvert les yeux en me prévenant qu’il vaudrait mieux parfois que je ferme ma gueule.
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