Repérages / Février 2018

Martin Legros publié le 3 min

L’image

La dispersion dans les étoiles, nouveau rite funéraire épicurien

L’astrophysique nous apprend que les atomes qui nous composent ont été formés au sein d’étoiles ou d’explosions de supernovae. Pour­quoi n’y retourneraient-ils pas après notre mort ? Une jeune entreprise montpelliéraine, Pous­sières d’étoile, relève le défi. Elle propose de disperser les cendres d’un défunt dans la stratosphère. Un ballon-sonde gonflé à l’hélium contenant les cendres se dilate progressivement tout au long d’une ascension d’environ deux heures et finit par exploser à 30 kilomètres d’altitude. Là, les cendres se dispersent au gré des vents stratosphériques, tandis que le ballon biodégradable retombe au sol. Chaque voyage post-mortem nécessite une déclaration à la mairie du lieu de naissance du défunt et une autorisation de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) afin de respecter les couloirs aériens. Ces précautions techniques n’enlèvent rien à la force symbolique du dispositif, qu’aurait sans doute approuvé Lucrèce en son temps. Bien décidé à chasser de l’homme la peur de la mort, il l’invite dans son poème  De la nature  à voir le monde comme un ensemble de combinaisons d’atomes en perpétuel mouvement. L’homme n’y échappe pas : les atomes qui composent son corps et son âme finissent par se relâcher, puis par se décomposer complètement ! Les rituels funéraires traditionnels, qui enferment le corps du défunt dans un cercueil ou dans une urne, sont peut-être l’ultime tentative de sauvegarder l’illusion d’un sub­strat personnel, là où il n’y a plus que des atomes. Au contraire, Poussières d’étoile réalise, moyennant 1 000  euros, le rêve épicurien d’une mort sans lieu ni nom, pure dispersion atomique qui nous ramène là d’où nous venons.

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