Sauver la Terre avec Michel Serres
À la fin du XXe siècle, Michel Serres prend la mesure d’un événement métaphysique sans précédent : le passage à l’Anthropocène. Bombe atomique, déchets nucléaires, industrie polluante, exploitation intensive des ressources… les activités humaines révèlent leur impact mortifère sur l’écosystème terrestre. C’est une guerre mondiale non déclarée qui est menée par les hommes contre leur planète. En réponse, Michel Serres élabore un contrat naturel entre les hommes et la Terre comme un plan de paix. En faisant de la nature et des animaux des sujets de droit.
Au début des années 1990, alors que les premières conférences mondiales sur le climat commencent à alerter l’opinion publique et les gouvernements sur le risque d’un réchauffement climatique dû à l’activité humaine (combustion des énergies fossiles, émission de gaz à effet de serre, etc.), Michel Serres publie un essai, Le Contrat naturel, qui fait date dans l’histoire des idées. Il entend prendre acte de cet événement inédit que l’on va bientôt prendre l’habitude d’appeler, selon le mot du prix Nobel de chimie Paul Josef Crutzen, « l’Anthropocène » : soit cette nouvelle ère géologique où les activités humaines ont un impact sur l’écosystème terrestre. Pour Serres, c’est un événement métaphysique sans précédent. Car la Nature était toujours apparue peu ou prou comme une donnée extérieure à l’humanité. À l’instar du retour des saisons ou des rotations des astres, ses cycles étaient à ce point réguliers et pérennes que les philosophes nous avaient longtemps invités à la considérer comme un étalon sur lequel régler nos propres comportements, changeants et relatifs. Voilà qu’elle se trouvait non seulement déréglée sous le coup de l’activité humaine mais en proie à une instabilité et une imprévisibilité du même ordre que les événements qui étaient censés être le propre de l’histoire humaine. L’air, l’eau, la terre, les espèces se trouvaient peut-être modifiées dans leurs propriétés fondamentales. Et leur comportement devenait erratique ou imprévisible. Il fallait envisager de piloter nous-même ce changement. « D’expérience semblable, le passé, même lointain, jamais n’en connut… L’histoire globale entre dans la nature ; la nature globale entre dans l’histoire : voilà de l’inédit en philosophie. » (Le Contrat naturel, p. 18).
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