Se tourner les petites poucettes avec Fabrice Murgia
“Les nouvelles formes de solitude, la façon dont on est seul“ intéressent particulièrement le metteur en scène Fabrice Murgia; il en a fait le motif de ses spectacles. “Notre peur de n’être”, créé au 68e Festival d’Avignon, explore ces nouveaux modes d’être, avec bienveillance et sans alarme.
Lecteur de Petite poucette – Petite poucette, ce personnage conceptuel imaginé par Michel Serres figurant l’individu produit par la révolution numérique –, Fabrice Murgia a trente ans. Il est de cette époque ultraconnectée et cependant pas moins seule. Sans pessimisme, ni excès d’optimisme, il entend ausculter les aliénations de ces générations jeunes et moins jeunes attachées aux nouvelles technologies, ce qu'elles permettent d'espérer. Comme Michel Serres, il s’attache à cerner sans catastrophisme ces nouveaux modes d’être. Le philosophe octogénaire analyse : « la révolution numérique externalise aussi imagination (toutes les images possibles y sont accessibles) et facultés cognitives (tous les logiciels possibles) : tête bien pleine et tête bien faite sont déposées dans cette tête portative qu’est votre ordinateur mobile. »
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Comment rendre sur scène cette révolution anthropologique ? Fabrice Murgia use d’effets optiques et technologiques nombreux : « J’aime parler de machines mais aussi d’humains qui ressemblent à des machines, confie-t-il. D’un côté, je peux parler “d’algorithmes de vie” qui nous conditionneraient, nous uniformiseraient, nous rendraient insensibles émotionnellement mais aussi corporellement. De l’autre, je peux dessiner des appareils théâtraux qui se coordonnent et suivent le parcours du personnage. Des appareils sensoriels, mentaux, réactifs à l’intensité du personnage. La “technique” doit être en mouvement, jamais fixe; elle est une sorte de poumon du personnage ou de l’intrigue. »
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