Un lien qui libère ?
D’un côté, nul ne peut vivre sans amour. De l’autre, il faut affronter la solitude pour se trouver. Comment échapper à cette contradiction ?
Nos existences ont une source secrète. Celle-ci nous donne l’énergie de vivre, d’aller vers le monde et les autres. Depuis Platon, des philosophes ont tenté de l’identifier. Selon eux, il s’agit de l’amour. En aimant, nous tendons vers un but, nous aspirons à un idéal, nous nous élevons vers un absolu. Notre vie ne consiste plus seulement à accomplir des tâches utiles, ne se disperse plus en vains divertissements. Elle se rassemble en une fin unique et désirable. La philosophie n’est-elle pas amour de la sagesse, tension affective vers la connaissance et la sérénité ? L’amour et le désir constituent le premier moteur de notre existence, dans tous les domaines. Ce sont eux qui éveillent notre curiosité, notre ténacité à chercher, qui nous poussent et nous orientent vers le dépassement de nous-mêmes.
Mais cet éloge philosophique de l’amour va-t-il assez loin ? Dit-il vraiment le dernier mot sur l’origine de notre appétit de vivre ? Il semble qu’il existe un moteur plus profond encore que le désir d’aimer. Car ce dernier dépend peut-être de quelque chose que l’on contrôle encore moins que l’amour, car il ne dépend pas de nous : du fait même d’être aimé. Sans l’amour que nous recevons, comment imaginer ressentir à notre tour cet élan vers autrui ? L’enfant qui n’a pas été aimé par ses parents, la personne qui n’a jamais senti sur elle un regard tendre, ou même l’individu que personne ne remarque ni n’estime ne sont-ils pas des mutilés affectifs ? Les psychologues ont tenté de montrer qu’une personnalité ne pouvait se développer harmonieusement sans source d’amour. Avant le désir de donner de l’amour, il y aurait donc, archaïque, déchirant et crucial, le besoin d’être aimé. Mais ce besoin d’amour lui-même n’a rien d’évident. Il se présente en effet sous la forme d’une antinomie. Voyons.
Faites-vous primer le désir comme Spinoza, la joie à l'instar de Platon, la liberté sur les pas de Beauvoir, ou la lucidité à l'image de Schopenhauer ? Cet Expresso vous permettra de le déterminer !
Parmi les événements proposés par ce festival qui unit depuis dix ans musique et philosophie (lire p. 92), nous vous proposons d’assister à la…
Engagé dans la constitution d’un « foyer national » juif en Palestine où il s’installera lui-même, le philosophe Martin Buber (1878-1965), penseur de…
Pour la philosophe Sandra Laugier, l’amour et l’amitié sont des liens forts, tandis que la vie collective repose sur les liens faibles, entre des personnes qui se connaissent à peine, dans les lieux publics ou sur les réseaux sociaux,…
Le troisième volume des « cahiers noirs » de Martin Heidegger paraît aujourd’hui. Dans ces cahiers XII à XV, on découvre un penseur…
Après les émeutes de jeunes des quartiers difficiles déclenchées par la mort de Nahel l’été dernier, le gouvernement songe à étendre la…
Des vieilles chaussures peintes par un fou ? Oui, mais qui révèlent à Martin Heidegger rien moins que la vérité des choses et le lien qu’elles entretiennent avec le monde où nous vivons.
En ces temps de confinement, peut-être êtes-vous seul ? Enfin, pas vraiment puisque, pour Hannah Arendt, la solitude permet d’expérimenter un…
9 millions d’Anglais souffrent d’isolement selon la Croix-Rouge britannique. Pour le philosophe Julian Baggini, la récente création outre-Manche d…