Cinéma

Vanité de combat

publié le 4 min

Dans son dernier opus, Martin Scorsese quitte New York pour Boston et la mafia italienne pour le milieu irlandais. Il revient sur l’impossibilité de sortir de sa condition et l’égalité de tous les hommes face au vide de l’existence.

Le titre original du nouveau film de Scorsese, The Departed, signifie « ceux qui sont partis », « les défunts », « les disparus ». L’expression anglaise consacrée lors des enterrements dit the faithful departed, « les fidèles disparus ». To depart, c’est également s’écarter de la règle, ce que Scorsese lui-même semble faire : on n’est plus à New York mais à Boston, adieu les « affranchis » de la mafia italienne, bonjour la mafia irlandaise, tout aussi (peu) catholique. Et le film pose donc implicitement cette question étrange : en quoi et à quoi les disparus seraient-ils fidèles ? Disparaître, n’est-ce pas au contraire fuir, manquer, trahir ?

La trahison, dans ce film, est aussi généralisée qu’un cancer. Ce n’est pas un accident regrettable, c’est une méthode, la même des deux côtés. Les voyous infiltrent les flics, et réciproquement. C’est à qui découvrira avant l’autre l’identité de la taupe qui le gangrène. Le film se déploie ainsi selon une parfaite symétrie : l’ascension du voyou chez les flics, celle du flic chez les voyous. Ascension dont le revers est pour chacun une chute dans son milieu d’origine.

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