Philosophie analytique

Mouvement philosophique issu des travaux menés par les logiciens Gottlob Frege et Bertrand Russell à la fin du XIX^e siècle pour rénover la logique. Appliquée au langage afin de clarifier son usage spéculatif, cette nouvelle logique, développée au début du XX^e siècle par le Cercle de Vienne (Rudolf Carnap et surtout Wittgenstein, lequel devient enseignant à Cambridge), marque toute la philosophie anglo-saxonne depuis plus d’un siècle. Opposée à la philosophie dite continentale (qui, elle, privilégie la phénoménologie), la philosophie analytique se présente comme une méthode qui permet d’abord de repérer les faux problèmes induits par les ambiguïtés de l’usage ordinaire du langage puis de les reformuler par des énoncés logiquement valides et référencés à une base empirique vérifiable. Cette méthode d’une grande rigueur, qui décompose à l’extrême les données des problèmes spécifiques qu’elle traite, s’est révélée particulièrement féconde pour la philosophie de la connaissance (George Edward Moore, W. V. O. Quine, David Lewis, Gilbert Ryle, Thomas Nagel), la philosophie du langage (J. L. Austin, John Searle), la philosophie de l’action (G. E. M. Anscombe, Donald Davidson), l’éthique (R. M. Hare, Charles Larmore, Bernard Williams), la politique (John Rawls, Robert Nozick), l’esthétique (Nelson Goodman, Arthur Danto) et même la métaphysique (Alfred North Whitehead, P. F. Strawson, Saul Kripke) et la théologie (Richard Swinburne). Enseignée tardivement en France, où on lui a longtemps reproché de ne traiter que formellement des sous-problèmes philosophiques, elle est aujourd’hui largement diffusée et utilisée en dehors de la philosophie, par exemple dans les sciences cognitives ou les théories de la communication.