La Connaissance mystique. Émergences et frontières
Une recension de Martin Duru, publié leAu collège, à l’heure d’apprendre les figures de style (ah ! les jolis souvenirs…), on découvre le charme de l’oxymore, cet alliage de termes contradictoires. Parmi les exemples fameux, citons « une douce violence » ou « une obscure clarté ». De prime abord, en ouvrant ce livre intitulé La Connaissance mystique, on se dit que l’on tient un autre cas d’oxymore. Car la mystique semble renvoyer à la révélation mystérieuse, à l’illumination irrationnelle obtenue dans un état extatique – bref, à quelque chose qui n’a rien à voir avec la connaissance. C’est contre cette représentation que s’élève Frédéric Nef, auteur du classique Qu’est-ce la métaphysique ? (Gallimard, 2004) – autant dire un philosophe présentant tous les gages de sérieux. Pour lui, la mystique n’est pas cette « sortie violente hors de la rationalité » ; loin de ramener à « l’ineffabilité », elle renvoie à une expérience et à un domaine théorique bien spécifiés, relatifs à « l’union avec Dieu ».
Dans sa réhabilitation, Nef s’arrête d’abord sur certains moments clés de l’histoire de la mystique : sa préfiguration, dans les sources bibliques ou chez Platon, où le thème de l’ascension de l’âme vers le ciel pur des Idées aura un écho religieux certain ; sa résurgence au début du XXe siècle, lorsque s’y intéresseront des penseurs comme William James ou Henri Bergson. Maniant l’érudition (outre les incontournables, tel Jean de la Croix, sont mentionnés des auteurs plus obscurs comme Guigues II le Chartreux – quelqu’un connaît ?), entrant dans des considérations ardues sur la logique de la théologie négative, le philosophe aborde aussi la question de l’éventuelle perception de Dieu. Sa thèse est prudente : si l’on ne peut voir directement Dieu et saisir son essence, il est possible de le percevoir indirectement, en concevant sa bienveillance ou sa simplicité – et c’est alors cela, le connaître. Comment faire, si l’on en ressent l’envie ? Nef évoque un « moment d’effusion, voire d’enthousiasme », sans développer plus ; et, il en convient explicitement, il laisse de côté les manifestations physiques de la contemplation mystique (transe, stigmates…) tout comme les moyens concrets d’y parvenir (les rites, voire les drogues…). L’essentiel est bien d’aborder la mystique comme un véritable foyer de connaissance où pourrait bien se rencontrer une forme de passion rationnelle ou d’émotion intellectuelle – pour finir sur d’autres (vrais-faux) oxymores.
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