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Meeting de Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France insoumise à l’élection présidentielle en 2017. © Franck Crusiaux/REA

Entretien

M. Cervera-Marzal : “La disparition du populisme de gauche favorise l’émergence de mouvements plus violents”

Charles Perragin publié le 23 septembre 2021 8 min

Forts dans les années 2010 avec Sanders, Iglesias, Corbyn ou encore Mélenchon, les populistes de gauche semblent être aujourd’hui sur le déclin. Comment comprendre ce phénomène politique puissant et éphémère ? Notre grand entretien avec le sociologue Manuel Cervera-Marzal, qui vient de consacrer un livre à ce sujet : Le Populisme de gauche. Sociologie de la France insoumise (La Découverte, 2021).

 

Selon vous, le populisme n’est pas un concept opératoire pour penser la politique. Pourquoi ?

Manuel Cervera-Marzal : D’un côté, ce mot est un anathème ou une injure qui sert à discréditer bien plus qu’un concept scientifique. Est populiste celui qui pense différemment de vous. Quand il n’est pas injurieux, le populisme est une notion fourre-tout dans laquelle on place tous les politiciens qui en appellent au peuple contre les élites. Il peut alors désigner n’importe quel candidat de la gauche ou de la droite. On peut mettre dans le même sac Donald Trump, Bernie Sanders, Marine Le Pen ou Pablo Iglesias. Même Emmanuel Macron s’est défini comme populiste devant les maires de France en novembre 2018. C’est donc un mot connoté, flou, confus. 

 

Pourtant théorisé par certains historiens ou sociologues.

Et qui prend des sens bien différents selon les auteurs ! Il y a ceux pour qui le populisme est un moment de crise consécutif à trois décennies de politiques néolibérales, donc un phénomène transitionnel. Pensons au philosophe italien Federico Tarragoni. Pour lui, il s’agit d’une forme de contestation sociale qui ébranle les institutions établies. Cette mobilisation peut, dans une phase ultérieure, accoucher d’un régime politique (les exemples latino-américains des années 2000) mais in fine, écrit Tarragoni, « le populisme n’a pas vocation à s’institutionnaliser ». Pour d’autres, comme Pierre Rosanvallon, le populisme est assimilable à un type de régime politique. Il voit dans le Second Empire de Napoléon III, l’Argentine de Perón et la Russie de Poutine les meilleurs exemples du populisme. Ce dernier – qu’il appelle aussi « démocratie illibérale » et « démocrature » – vient s’ajouter à la tripartition canonique des régimes politiques : démocratie, aristocratie et monarchie. Le populisme est donc un concept fragile, fluctuant dans sa théorisation et par là même difficile à utiliser.

“Est populiste celui qui pense différemment de vous […] C’est un mot connoté, flou, confus” Manuel Cervera-Marzal

 

Dans votre enquête, vous vous restreignez à décrire l’émergence d’un « populisme de gauche », notamment pour caractériser le virage de la France insoumise entre les campagnes présidentielles de 2012 et 2017. De quoi s’agit-il ?

En effet, j’ai voulu décrire ce phénomène spécifique, qui va au-delà de la France insoumise, et qui survient après la crise financière de 2008. Le populisme de gauche, c’est Jeremy Corbyn au Royaume-Uni, Bernie Sanders aux Etats-Unis, Podemos en Espagne. Il s’agit de forces politiques hostiles au néolibéralisme, au productivisme, qui visent la conquête de l’État et sont dirigées par des leaders charismatiques. Elles s’emparent enfin des thèmes traditionnellement mobilisés par la droite : la patrie, l’ordre, la souveraineté. Tous ces mouvements se sont développés à la suite de l’effondrement des gauches socialistes : le Pasok en Grèce, le PSOE en Espagne, le PS en France. Le constat de départ est que l’étiquette « gauche » et tous ses symboles – le rouge, la faucille et le marteau, L’Internationale – n’agrègent plus autant de militants et d’électeurs. En voulant se débarrasser des signifiants pour sauver le signifié (l’égalité, la justice sociale, etc.), le populisme de gauche cherche donc à recoder les idées de la gauche dans une grammaire du peuple. L’opposition classe ouvrière contre bourgeoisie devient peuple contre l’oligarchie, L’Internationale est remplacée par La Marseillaise, le rouge est remplacé par des couleurs plus neutres, comme le violet ou le bleu clair.

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