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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Saint-Denis de La Réunion (La Réunion), le 25 février 2022. Jean-Luc Mélenchon, candidat du mouvement de gauche la France insoumise à l’élection présidentielle française de 2022, s’adresse aux journalistes à la suite d’une rencontre avec la présidente de la région de La Réunion Huguette Bello. © Christophe Archambault/AFP

Portrait

Jean-Luc Mélenchon : un portrait philosophique

Nicolas Gastineau publié le 10 juin 2022 9 min

Sous les pavés, les concepts ? Lorsque le tribun Jean-Luc Mélenchon prend la parole, force est de constater que les idées philosophiques se bousculent : matérialisme historique, affects, créolisation, écosocialisme, etc. Chacun connaît bien sûr le style Mélenchon, le verbe haut et la parole chargée d’émotion. Il y a aussi sa ligne politique, bien identifiée à gauche, associée au dirigisme économique et à la redistribution des richesses. Mais y a-t-il, au-delà des discours et du programme, une pensée de Jean-Luc Mélenchon ? Examinons.

Des usines à la bataille culturelle

Au début des années 1970, le jeune Jean-Luc Mélenchon fait ses armes au sein de l’Organisation communiste internationaliste, dont il dirige la branche de Besançon pendant quatre ans. Ce courant trotskiste a donné au Parti socialiste plusieurs de ses dirigeants, comme Lionel Jospin ou Jean-Christophe Cambadélis. Pendant ces années, Mélenchon se forme donc à la pensée marxiste, dont il accepte le fondement philosophique – le matérialisme historique –, qui affirme que l’être humain est prioritairement déterminé par ses conditions matérielles d’existence et que l’histoire se noue dans les rapports sociaux de production et d’échanges. « J’appartiens à l’école philosophique du matérialisme historique », récite-t-il encore en 2021. Pourtant, il en a remis en cause le postulat au contact de deux philosophes, Ernesto Laclau et Chantal Mouffe. Marqués par les expériences de révolutions latino-américaines, ces penseurs « post-marxistes » veulent renouveler les cadres de la pensée socialiste. Leur plus grand écart avec la doxa est sans doute, justement, le dépassement du matérialisme : pour Laclau et Mouffe, la politique serait en réalité « un espace autonome » qui se forme d’abord au niveau discursif, par les symboles et le langage, avant de pouvoir agir sur la matière. En termes de stratégie politique, cela est lourd de conséquences : pour imposer « l’hégémonie culturelle » du camp socialiste, il faut d’abord conquérir les imaginaires et les représentations. L’idée fait son chemin chez Mélenchon, comme le prouve son intervention à un colloque organisé par la Présidence de la nation argentine à Buenos Aires, en 2012, juste après une campagne présidentielle :

“La condition préalable de l’action politique est qu’elle soit d’abord une action culturelle. […] Les faits sociaux ne se donnent jamais à voir crûment et seulement comme tels. Les êtres humains abordent la question de leur feuille de paie, de leur logement et de leur santé à travers un prisme de représentations culturelles et morales qui constituent leur véritable conscience sociale”

Jean-Luc Mélenchon, 2012

Tout est dans cette inversion : ce n’est pas la fiche de paie qui fait la culture de celui qui la reçoit, c’est la culture qui change le regard que l’on porte sur sa fiche de paie. Et ce retournement n’est pas, pour Jean-Luc Mélenchon, qu’une simple coquetterie idéologique. Puisque la « véritable conscience sociale » n’est pas dans la condition économique, le curseur de l’action socialiste ne peut plus se résumer au soutien de la classe ouvrière. Au tournant des années 2010, un nouveau mot prend son envol dans les livres et les discours de Mélenchon : le peuple, soit « l’acteur politique de notre temps », qui est appelé à prendre « la place qu’occupait hier la “classe ouvrière révolutionnaire” », écrit-il en 2014 dans son livre L’Ère du peuple (Fayard). Cette réhabilitation du peuple va de pair avec la réhabilitation d’un mot qu’il s’emploie à revaloriser : populisme. Un mot que Mélenchon estime avoir été confisqué : « Donc [le populisme] est un terme méprisé, qui permet à la bourgeoisie et aux médias des puissants de dire que le peuple est assigné à des tâches “laides”, que le peuple est assigné à l’extrême droite et au populisme, c’est-à-dire que nous réveillons des instincts les plus bas. » Il s’agit donc, dit Laclau, de « faire avec le populisme ce que les Chrétiens ont fait avec la croix : transformer un symbole d’ignominie en un symbole positif. »

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