La traversée des Alpes: Essai d'histoire marchée

Une recension de Victorine de Oliveira, publié le

Pour raconter l’histoire du GR5, six cent cinquante kilomètres de chemin de randonnée reliant le lac Léman à la Méditerranée, quoi de plus naturel que de l’arpenter chaussures de montagne aux pieds, topoguides en main mais… avec les œuvres du géographe Élisée Reclus dans son sac à dos ? Antoine de Baecque traverse ainsi l’aventure humaine de ce paysage alpin qui fut « lentement, âprement conquis », les muscles douloureux et les articulations à vif. C’est ainsi, en y participant pas après pas, que se lit pour l’historien la « construction d’un sentier » et, au-delà, « celle, idéologique et culturelle, d’une représentation de soi, du groupe, d’une communauté, d’une nation ». Chaque marcheur ajoute au chemin une strate faite de sueur, d’égarement et d’euphorie mêlés. D’une expérience nécessairement subjective naît une façon d’écrire l’histoire elle aussi subjective et originale. Quels que soient les rêves et fantasmes projetés sur le corps de l’alpiniste triomphant, le marcheur sait, lui, que la gloire suinte avant tout de ses ampoules percées !

 

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