Le bien naturel
Une recension de Mathilde Lequin, publié le1- Goodness ou Bien naturel
Au centre de cet essai publié en 2001, le terme anglais de goodness est difficile à rendre : il désigne « ce qui est bon », mais s’applique autant à une personne charitable qu’aux racines d’un chêne, suffisamment vigoureuses pour assurer sa stabilité, ou à la danse d’une abeille, bonne pour elle et ses congénères. En disciple de Wittgenstein, Philippa Foot décortique la « grammaire » de nos évaluations. Selon elle, lorsque nous jugeons une action bonne ou mauvaise, même dans des contextes très différents, nous faisons en réalité appel à une seule et même structure conceptuelle, identifiée par le concept de « Bien naturel ». Ici, le bien est défini comme ce qui est nécessaire ou bénéfique à la forme de vie d’une espèce – humaine ou non.
2- Bien agir, c’est agir rationnellement
Les actions humaines peuvent-elles êtres jugées comme les racines d’une plante ? Oui, répond Foot : la morale humaine est un système d’évaluations « fondées sur la forme de vie de notre espèce », dont « l’excellence » réside dans la capacité à agir selon des raisons. Pour repenser la rationalité de l’action humaine, chère à son maître Aristote, la philosophe mène un double combat. Contre l’idée répandue que les jugements moraux, fondés sur des valeurs subjectives, n’ont rien d’objectif, elle montre que nos actions sont motivées rationnellement. Ensuite, contre la conception traditionnelle de la « rationalité pratique » comme poursuite de son propre intérêt, elle remet les notions morales (le bien, le mal) au cœur du choix rationnel.
3- Vers le « profond bonheur »
Le bien pour l’homme, n’est-ce pas plutôt le bonheur ? Dès lors, celui qui agit mal peut-il être heureux ? Face à ces traditionnelles questions de la philosophie morale, Foot développe la notion de « profond bonheur », irréductible à un plaisir passager et lié à une certaine idée de ce qu’est le bien pour des êtres vivants comme nous. À cela, Nietzsche aurait opposé un grand éclat de rire : le champion de l’immoralisme, pour qui il n’y a « pas de bien et de mal semblables pour tous », est le grand ennemi de l’éthicienne. Aux antipodes du « romantisme du mal » nietzschéen, qu’elle condamne dans des formules féroces, elle définit le bonheur comme « le plaisir pris aux bonnes choses, autrement dit le plaisir pris au fait de poursuivre et d’atteindre des buts justes ».
La citation corrigée par François Morel.
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