Les Racines du ciel in Romans et Récits I et II

Une recension de Catherine Portevin, publié le

Relire aujourd’hui Les Racines du Ciel, de Romain Gary (prix Goncourt 1956), est une bonne manière de célébrer l’entrée de l’écrivain à La Pléiade. On y éprouve l’extraordinaire modernité de cet inventeur d’histoires et de personnages, à contre-courant des modes littéraires de son époque. « L’espèce humaine était entrée en conflit avec l’espace, la terre, l’air même qu’il lui faut pour vivre » : mû par l’urgence de restaurer la paix avec la nature, Morel, ancien résistant et rescapé des camps de la mort, part en Afrique équatoriale se battre contre l’extermination des éléphants. Dans ce roman polyphonique et aventureux se croisent les destins individuels, celui de l’humanité et celui des peuples en guerre pour leur indépendance. Gary, qui admirait fort Joseph Conrad, a écrit là un Au cœur des ténèbres écologique, convaincu que la protection de la nature – ce qu’il appelle aussi « conserver une beauté à la vie » – est la tâche immense qui incombe à la fraternité universelle. « Je crois à la liberté individuelle, à la tolérance et aux droits de l’homme, il se peut qu’il s’agisse là aussi d’éléphants démodés et anachroniques », déclare-t-il dans ses propos liminaires, décidé à défendre « leur souveraine simplicité » « contre les déchaînements totalitaires, nationalistes, racistes, mystiques et idéomaniaques ».

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