Que fait la police ? Et comment s’en passer 

Une recension de Maxime Rovere, publié le

Cela semble évident, la police a pour fonction de garantir la sécurité de la population. Pour cela, elle est équipée et entraînée afin de courir après les criminels (pour les soumettre à la justice) et de tenir à distance les délinquants (en les empêchant de nuire, en les intimidant, etc.). Et s’il y avait là une tragique erreur sur la fonction de la violence ? Et si la demande d’une présence policière toujours croissante témoignait d’une « attitude collective par défaut » qui demande à être interrogée ? En se penchant sur le « mythe policier » avec une rigueur et une précision qui contrastent avec ce que l’on entend généralement dans la bouche des « anti-flics », Paul Rocher démasque une erreur à la fois historique et philosophique. L’aveuglante légitimité de la police, préjugé largement partagé, occulte des réalités observables et bien connues des spécialistes. Parmi les croyances les plus ancrées, la première est que la police protégerait les individus. Cette conviction ne résiste pas aux études où, chiffres à l’appui, on découvre « qu’il n’y a pas de corrélation entre les dépenses pour la police et l’évolution des faits qualifiés de délinquants » et que 10 % seulement de l’activité d’un policier concerne des affaires criminelles. De même, on a tendance à considérer les violences policières comme des débordements marginaux. Paul Rocher montre que c’est la nature de l’institution policière, bâtie sur une économie politique précise et soudée par un esprit de corps unique, qui détermine le comportement des policiers. Enfin, il vaut la peine de se rappeler que la police n’a pas toujours existé et que plusieurs États mènent actuellement des expériences pour s’en passer : les comités de rue dans les townships d’Afrique du Sud autant que le programme de « justice communautaire restaurative » en Irlande du Nord prouvent ainsi que des alternatives existent.

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