Qu'est-ce-que la politique ?

Une recension de Mehdi Belhaj Kacem, publié le

Arendt, qui passe si souvent pour une libérale, s’avère ici avoir forgé bien des catégories qui alimentent les pensées de la gauche radicale. La politique n’est pas partout (thèse totalitaire), mais essentiellement rare et précaire ; elle ne relève pas du règne de la nécessité, mais d’une essentielle contingence. Et la vue métaphysique qui soutient cette conception du politique est elle-même très en avance sur son temps : la vie sur terre résulte d’« improbabilités infinies » qui sont le vertige métaphysique proprement moderne. L’humanité elle-même est un « miracle dans le miracle ». Sur cette base, la politique n’est pas souci d’unicité et de permanence, mais de la pluralité, de la disparité, d’événements précaires et dissymétriques. Son sens ultime est donc de devenir essentiellement participative par une attention constante aux singularités concrètes en lieu et place des universaux métaphysiques abstraits : « liberté » est le nom de cette essence coexistentielle du politique.

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