À travers le mur. Un conte et trois paraboles

Une recension de Catherine Portevin, publié le

En 2015, l’historienne Karin Biro découvre un carnet manuscrit intitulé « Notre enfant » dans le fonds Arendt de la New School à New York. La mère de Hannah, Martha, y avait consigné les menus détails de la croissance de sa fille, depuis sa naissance en 1906 jusqu’à ses 12 ans, avec quelques rares passages signés de Paul, le père de la future philosophe, qui meurt en 1913 : « Elle-même n’en est pas affectée », note Martha un peu sèchement. Karin Biro a également déniché quatre textes littéraires assez étranges écrits par Arendt lors de son exil à Paris entre 1933 et 1940. Ces documents, connus des spécialistes, n’avaient jamais été publiés. Les voici traduits. Saluons la beauté du geste, et la limpide précision de la présentation qui leur donne du relief et en restitue les contextes. Les inédits eux-mêmes ont surtout valeur d’archive sensible. Y affleurent l’énergie, la fantaisie et la mélancolie de la jeune Hannah. À travers le mur, la très courte parabole qui donne son titre au recueil, exprime la vision d’un mur qui semble élastique et qui se durcit à mesure qu’on s’y cogne la tête. Nous sommes en 1940. Bientôt Arendt sera internée dans le camp de Gurs, en France, avant de pouvoir fuir vers New York.

Trad. de l’allemand D. Meur

Paraît également Humanité et Terreur. Et autres textes (Payot, 400 p., 24,80 €), un recueil d’articles plus substantiels des années 1950, restés inédits en français.

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