Asma Mhalla : “Nous risquons l’industrialisation subreptice d’un état de surveillance permanent”
Notre numéro spécial « Les Idées de demain » est en kiosque ! En 130 pages et avec une vingtaine d’articles, découvrez des auteurs et des idées qui permettent de « déchiffrer l’incertain » d’un monde en plein bouleversement.
Ce livret s’ouvre sur la question de l’intelligence artificielle. Parmi les textes proposés, l’analyse d’Asma Mhalla, spécialiste des technologies, sur la « techno-politique de la surveillance ». En voici un extrait en accès libre : pour lire la suite, rendez-vous chez votre marchand de journaux !
« En l’espace de quelques années, les usages techno-sécuritaires développés conjointement par le secteur privé technologique sur commande des États, se sont développés à une vitesse exponentielle. La collecte de données personnelles via les réseaux sociaux, les fichages biométriques et de données personnelles sensibles comme les données de santé, les logiciels de reconnaissance faciale, les drones, les satellites ou les logiciels de police prédictive rejoignent l’arsenal juridique et policier de plus en plus complet. L’enjeu posé n’est d’ailleurs sans doute par de les rejeter d’emblée mais de les discuter collectivement d’une part, de les encadrer strictement ensuite. D’autant que leur fiabilité est à ce stade loin d’être prouvée.
Deux risques en particulier apparaissent : le premier est la captation massive, abusive et parfois illégale de données biométriques pour constituer des mégafichiers de surveillance. L’enjeu démocratique est important, si le débat n’est pas posé dans les bons termes, autrement dit en essayant d’éviter l’insoluble dilemme “sécurité contre liberté”, nous risquons l’industrialisation subreptice d’un état de surveillance permanent. Cette vision des technologies transforme en profondeur les rapports sociaux et les équilibres des droits qui définissent la vie privée, la vie collective, les libertés fondamentales.
La question est tout sauf anodine puisqu’elle préfigure une idéologie qui stipulerait que la sécurité est plus importante que la liberté, que le contrôle est plus important que la vie privée ou le droit au secret, à son intime. Pourtant l’arbitrage collectif ne peut se jouer sur la rhétorique du “tout ou rien” mais au contraire sur le principe de proportionnalité des dispositifs mis en place face au risque réellement encouru renforcé de procédures de contrôle institutionnel transparents et réellement opérants. »
Notre numéro spécial « Les Idées de demain » est disponible en kiosque.
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