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Avignon, la part belle à la réflexion

Cédric Enjalbert publié le 24 juin 2015 5 min
Le 69e Festival d'Avignon se déroule du 4 au 25 juillet 2015 sous la direction d’Olivier Py, guidé par un aphorisme inspiré de la réaction au drame qui a ensanglanté la France en janvier : « Je suis l’autre. »

« Artistes, spectateurs, citoyens, notre tâche est grande car il ne s’agit plus seulement de préserver 
une part de culture dans la rapacité des temps marchands, mais de faire entrer la culture dans 
un projet de société qui n’existera pas sans elle, écrit Olivier Py en préambule à cette nouvelle édition du Festival d’Avignon. C’est bien en cela que nous devons pousser ce
 subit élargissement du terme culture jusqu’aux conditions de l’organisation générale d’une société meilleure. Le mot de politique lui-même, nos concitoyens ne l’entendent plus que comme machination de partis, stratégie de pouvoir, affairisme sans civisme, et il nous appartient de lui redonner des lettres de noblesse et un avenir. »

Pour ce faire, Olivier Py et son équipe ont conçu un programme laissant la part belle aux textes de réflexion, de philosophes, ou philosophant, s’inquiétant à la lumière des classiques des préoccupations sociales, politiques et métaphysiques contemporaines. 

Des œuvres de philosophes

La République de Platon, dans la version d’Alain Badiou, sera lue chaque jour du Festival par Valérie Dréville, Didier Galas et Grégoire Ingold, gratuitement. Pour l’auteur de ce texte d’après Platon, il s’est agi d’« universaliser l’élitisme de Platon », afin de « ranimer cette vision, que j’appelle l’idée communiste, et dont je soutiens, comme le faisaient du reste bien des communistes au XIXe siècle, que Platon est l’un des premiers penseurs ». Isabelle Huppert interprétera elle Juliette et Justine, Le vice et la vertu pour une représentation unique, dans une adaptation de Raphaël Enthoven. Pour ce dernier, « Sade a repeint les Lumières en leur donnant leur plus beau noir. Il explore l’envers du sentiment que le progrès technique est un progrès moral et de l’idée que l’éducation permet à l’homme de saisir son destin et de conquérir son autonomie. Les Lumières parlent de liberté ; Sade leur répond par la loi du plus fort. Les Lumières parlent de connaissance des mécanismes naturels ; Sade leur répond par la dédivinisation et donc le perte de tout repère moral. Il ne cesse de leur tendre un miroir indigeste et fidèle. » Enfin, Meursault, contre-enquête, écrit par Kamel Daoud en réplique ou en « reflet » de L’Étranger sera adapté par Philippe Berling, selon qui : « Kamel Daoud marche sur le corps de Camus et tire aussi une balle identique à celle qui tue l’Arabe. Il y a chez lui à la fois quelque chose du copiste et du polémiste, qui lui permet d’avancer, d’écrire sa propre fiction. »

Trois pièces de Shakespeare aux échos contemporains

Le très politique dramaturge allemand Thomas Ostermeier revient au Festival d’Avignon avec un Shakespeare ; lui qui avait monté un Hamlet remarquable en 2008, présente cette année une adaptation de Richard III à travers laquelle il cherche à « comprendre comment Richard III peut séduire les spectateurs alors qu’il se présente avec franchise et sans artifices comme un homme aux actes particulièrement noirs. Il est un diable avec qui cependant le public peut pactiser. » Olivier Py présente Le Roi Lear dans un traduction de son cru, cherchant dans le silence de Cordelia, au début de la pièce, un motif plus général de compréhension du XXe siècle : « S’il fallait sous-titrer la pièce, je choisirais la formule : “le silence de Cordelia”. Tout l’enjeu, pour moi, est en effet d’interpréter ce silence. Il revêt aujourd’hui une signification très différente de celle qu’il pouvait avoir au XIXe siècle. Le XXe siècle est marqué par un double silence : celui qui a présidé, en philosophie, à un doute sur la force du langage et celui qui a été imposé par la catastrophe d’Auschwitz. Ces deux silences sont de même nature. Ils correspondent à ce que Heidegger appelait la dévastation. » Enfin, le metteur en scène portugais Tiago Rodrigues proposera une mise en scène d’Antoine et Cléopâtre, qui permettent de penser un « théâtre de l’assemblée », réfléchissant à l’idée de « co-présence ».

Du « théâtre documentaire », qui prend à bras le corps les enjeux européens

Nathalie Garraud et Olivier Saccomano présenterons le dernier volet d’un cycle intitulé « Spectres de l’Europe », consacré à la figure de l’étranger. Soudain la nuit suit un médecin dans le service médical d’urgence d’un aéroport français. Nathalie Garraud se défend de transmettre des valeurs « humanistes ou morales » cherchant plutôt à « traverser des rapports de force ou de domination, et à les épuiser pour découvrir ce qu’il cachent. » Les membres de la compagnie Winter Family présenteront une autre forme de théâtre documentaire avec No World, une exploration du « monde saturé » occidental ou européen construite en référence au Purgatoire de Dante et divisée « en neuf cercles semblables à ceux de la Divine Comédie dont chacun porte un nom : beauté, sociale-démocratie, amour, femmes, nourriture, jeunesse, capitalisme, multiculturalisme, joie. » Ce glissement vers l’enfer sera au cœur de la seconde création d’Olivier Py présentée cette année, adaptée de son roman Excelsior. Le directeur du festival brosse dans Vers la joie, une descente aux enfer en forme de monologue prenant des airs de médiation sur la condition urbaine.

Une réflexion sur l’art dans son rapport au temps et à la mort

Les Estoniens du Teatr NO99 se pencheront sur la finitude de l’existence à travers une expérience d’art conceptuel plus que de théâtre « classique » cherchant à comprendre comment « nous essayons tous de fixer des instants qui, face à la mort, témoignent que quelque chose d’important a eu lieu dans notre vie. » La réflexion sur l’art dans son rapport au temps et à la mort sera poursuivie par Benjamin Porée dans la Trilogie du revoir de Botho Strauss, partant du principe que « le désespoir est commun à tous » et que « Dans nos société, on veut le cacher ou le maquiller pour ne montrer que la face joyeuse de l’iceberg, mais nous portons tous un désespoir et une solitude qu’il faut sublimer. » Ce désespoir habite Cassandre qu’interprétera Fanny Ardant pour une représentation unique du monodrame éponyme composé d’après Christa Wolf. Pour Hervé Loichemol qui signe la mise en scène, « Cassandre n’est pas pas une lanceuse d’alertes, mais tout de même, le texte résonne par rapport au futur noir qui s’annonce aujourd’hui au niveau politique, écologique et démocratique. »

Des ateliers de la pensée

Les représentations seront accompagnés tout au long du Festival de dialogues avec les artistes et de controverses animées par Nicolas Truong, du Monde, avec notamment Marcel Gauchet et Élisabeth Roudinesco autour de l’héritage de Mai-68, Alain Badiou à propos de la question « Comment vivre sa vie? », Jean Claude Ameisen sur les nouveaux rapport entre l'homme et la nature, et Souleymane Bachir Diagne sur le changement des rapports entre Orient et Occident. Informations complémentaires, date et heures sur le site du Festival.

Enfin, l’Agence nationale pour la recherche organise trois journées de rencontres et de débat autour de la création, du 9 au 11 juillet, en présence de chercheurs en sciences humaines et des artistes du Festival. 

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