Capitaine abandonné
Avec “J’accuse” (en salles le 13 novembre), “Roman Polanski” s’empare de l’affaire Dreyfus. Malgré d’embarrassantes allusions à sa situation personnelle, le metteur en scène s’appuie sur une distribution prestigieuse pour briser le mythe d’une France coupée en deux.
Qu’est-il resté de l’affaire Dreyfus ? Une partition entre deux France : d’un côté, ceux qui serviraient les valeurs supérieures à l’individu – la Patrie, Dieu, l’État ; de l’autre, ceux qui défendraient l’humain comme mesure de toute chose. En adaptant au cinéma l’affaire Dreyfus, fort d’une distribution prestigieuse et d’un rythme soutenu, Roman Polanski échappe à cette lecture rétrospective de l’histoire. En faisant du colonel Picquart (Jean Dujardin), par qui le scandale éclate, le personnage principal son film, il expose une réalité plus trouble, faite d’engagement confus et de héros sans gloire. Car si le catholique Picquart reconnaît d’emblée « ne pas aimer les Juifs », il sera pourtant le premier défenseur de Dreyfus (Louis Garrel). Inversement, Jaurès est d’abord antidreyfusard, avant de se raviser au nom de la justice républicaine et de soutenir Zola à la publication du célébrissime « J’accuse ». Comme le montre le parcours de Charles Péguy, dreyfusard de la première heure récupéré par la droite conservatrice, l’affaire Dreyfus renverse les partitions binaires. Ce partisan du « parti intellectuel » l’écrit dans Notre jeunesse : « L’affaire Dreyfus, le dreyfusisme, la mystique, le mysticisme dreyfusiste fut une culmination, un recoupement en culmination de trois mysticismes au moins : juif, chrétien, français. » Que Roman Polanski, toujours poursuivi aux États-Unis pour le viol d’une mineure, perçoive des échos entre la mise en scène de l’inique procès et sa propre situation, rend le sous-texte embarrassant. Son film n’en demeure pas moins réussi.
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