Ce que nous apprend la douleur
Un génie jaillit d’une bouteille et vous propose de vous débarrasser de la douleur physique. Pour accepter, il suffit d’acquiescer. Et vous n’aurez plus jamais mal. Fini la crainte des coups, des coupures, des rages de dents, des maux de tête, des lumbagos, des crampes musculaires, des indigestions… Vous aurez une vie aussi joyeuse que peut l’être celle d’un anesthésié. Alors, vous êtes tenté ? Vous hésitez ? Mais quelle est cette part de vous-même qui se tâte ? Auriez-vous peur de ne plus mener une existence tout à fait humaine, d’être une sorte de cosmonaute en exil sur Terre ou de convalescent perpétuel emmitouflé dans des bandelettes de gaze ? Si vous regardez en arrière, vous vous êtes fait souvent mal par le passé, pourtant cela n’a pas gâché votre vie. Alors, pourquoi tout ne continuerait-il pas comme avant ? Est-elle si détestable, la condition d’homme ou de femme sensible ?
Avant de répondre à l’offre du génie, il serait peut-être utile de consulter l’avis des philosophes. Au fond, sur cette question de la douleur chez les Modernes, il est deux grandes écoles, deux positions antagonistes, deux réponses à votre dilemme. Pour René Descartes, la douleur est une expérience importante, parce qu’elle contient des informations. Mais pas le genre d’informations lointaines et plus ou moins superflues que contiennent les encyclopédies, non : c’est la douleur qui vous permet d’être certain que vous n’êtes pas juste une âme flottant dans le vide intersidéral. Rien ne prouve mieux que j’aie un corps, explique Descartes dans sa Sixième Méditation métaphysique, que la douleur. « Il n’y a rien que la nature m’enseigne plus expressément ni plus sensiblement, sinon que j’ai un corps qui est mal disposé quand je sens de la douleur. » Mais cet argument est peu contraignant, direz-vous : vous n’avez en effet jamais douté d’avoir des organes, une peau, des membres. Vous savez que vous avez un corps, alors à quoi sert cette pénible vérification ?
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