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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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© Elene Usdin pour PM

Témoignages

Chercheurs en énergie anatomique

Isabelle Queval, propos recueillis par Patrick Williams publié le 24 octobre 2013 15 min

Danseuse, insomniaque ou ultramarathonien, nos témoins nouent au quotidien avec leur physique un dialogue toujours étrange et chaque fois édifiant, commenté par l’ex-championne de tennis et philosophe Isabelle Queval.

« J’ai été joueuse de tennis à un niveau semi-professionnel avant de commencer des études de philosophie. Ma thèse a porté sur une généalogie de la notion de dépassement de soi. Mon travail se proposait de mettre en lumière l’ambivalence de l’idée d’“excellence”, à travers une confrontation des systèmes de valeurs antiques et modernes. Selon les époques, l’excellence peut signifier le bien comme le mieux, l’équilibre comme la recherche de l’exploit. J’ai pu ainsi étudier les principes (“bien” ou “mieux”, “accomplir son potentiel” ou le “dépasser”) selon lesquels, de l’Antiquité à nos jours, les humains se sont confrontés à l’effort et à la performance. Le corps a connu un processus de rationalisation qui épouse celui de la philosophie occidentale : connaître, classifier, maîtriser. Par la médecine, par la science, on a tendu à un corps rationnel, contrôlé.

Aujourd’hui, nous sommes amenés à faire du corps le centre de notre identité. On ne subit plus son corps, mais on le choisit. Il y a une pluralité de corps, accessibles par l’entraînement, l’alimentation, l’habillement – et cela n’a jamais été le cas auparavant. En même temps, on assiste à une augmentation incroyable de l’espérance de vie dans un corps confortable, chose tout à fait marquante. C’est une vraie mutation anthropologique. Conséquence : l’individu moderne se retrouve avec de nouveaux pouvoirs, mais aussi avec de nouvelles responsabilités. Il faut entretenir ce corps, le soigner, chercher à vivre vieux. Plus on dispose de moyens techniques, de moyens d’informations (sur la nutrition, la médecine, etc.), moins on peut ignorer ses devoirs vis-à-vis de lui. Ainsi le rapport contemporain au corps est celui d’un pouvoir, mais aussi d’une culpabilité. Je suis fautif si je meurs trop tôt. La vie bonne se confond avec la vie longue.

L’effondrement des transcendances religieuses et politiques a entraîné un essor du matérialisme et de l’individualisme. Ne se projetant plus dans de grands ailleurs, l’individu s’est focalisé sur l’ici et maintenant, sur la jouissance de la vie terrestre et sur la façon de la prolonger le plus longtemps possible. Le corps est devenu le vecteur privilégié de cet individualisme. Mais ce corps est assez normé : il s’agit du corps médico-sportif, qui est jeune, beau, en pleine santé. D’où ce paradoxe : nous sommes dans une société de l’hyperchoix, où chacun invente sa norme, et, en même temps, cette possibilité de choix est contredite par la représentation triomphante d’un corps sain, performant.

Si nous sommes centrés sur le corps, nous le traitons comme un objet, nous l’instrumentalisons. Il est un fétiche, mais il doit répondre aux ordres ! Les sportifs de haut niveau incarnent bien ce phénomène de distanciation, d’objectivation. Les transformations que vit le corps, et particulièrement celui des sportifs, nous font parfois éprouver la nostalgie d’un “corps naturel”. Mais un tel corps a-t-il jamais existé ? Le corps humain a toujours été enrichi par le savoir, la culture, les activités sociales, physiques, etc. L’artifice humain est là, à chaque détour, qui sculpte, qui modèle le corps. On sait ce qu’est la nature ; on sait ce qu’est un tableau de cette nature, simple artifice. Mais le corps humain, lui, est toujours entre les deux. »

 

“Danser, c’est résister ‘désarmée’”

Carole Quettier, 31 ans, danseuse contemporaine

« J’ai suivi une formation classique, mais, à l’âge de 8 ans, j’ai découvert la danse contemporaine. Un choc. Danser pieds nus m’est apparu une évidence. Pas besoin d’avoir le pied enfermé dans une position contraignante. Le pied n’a pas à saigner pour danser. Nu et libéré, il éprouve le sol comme multiplicité de sensations. Plus largement, la danse contemporaine permet une série d’expériences plus vastes, s’adaptant avec intelligence et douceur à la morphologie. Aujourd’hui, je fais partie de la Compagnie de l’Entre-Deux *, dirigée par Daniel Dobbels. Je m’entraîne quotidiennement pour que mon corps soit le plus disponible par rapport à la proposition chorégraphique. Je fais aussi du yoga, mais, au bout d’une heure, la dimension poétique de la danse me manque ! Là où le yoga est méditatif, dans le sport, on cherche à atteindre un objectif, une performance. Dans la danse contemporaine, on cherche avant tout à être au présent, de la façon la plus intense possible. Dans ces moments-là, je suis littéralement mon corps, la pensée et le corps ne font plus qu’un. Ce qui suppose d’accepter sa fragilité, sa vulnérabilité.

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