“Chère Simone…” Quand Beauvoir correspondait avec ses lectrices
Pour son livre Sexe, Amour et Féminisme. Quand on écrivait à « Madame de Beauvoir » paru chez Plon, l’historienne américaine Judith Coffin s’est plongée dans la correspondance entre la philosophe et ses nombreuses lectrices. Des échanges instructifs et émouvants.
Simone de Beauvoir était non seulement une philosophe et une écrivaine, mais aussi une fervente épistolière. Il y a eu les lettres à ses amants, Sartre, Algren ou Lanzmann. Mais c’est avec ses lecteurs, et surtout ses lectrices, que Beauvoir a entretenu l’une de ses plus abondantes correspondances. La parution du Deuxième Sexe en 1949 a déclenché une vague à plusieurs titres : celle d’un nouveau féminisme, bien sûr, mais aussi des questions et des enthousiasmes qui témoignent de la façon dont la société française s’est emparée, comme si elle n’attendait que cela, des questions liées aux rapports de genre et à la sexualité dans l’après-guerre.
Si l’on connaît la réaction des critiques autorisés – type François Mauriac dans Le Figaro – dans le registre de l’indignation pudibonde, celle du « Français moyen », certes lecteur de philosophie, l’est moins. Ce lecteur n’appartient toutefois pas à une niche. On parle d’une époque où un magazine grand public comme Paris-Match publie les bonnes feuilles du Deuxième Sexe aux côtés d’une séance photo avec une star de cinéma. La presse met les idées d’avant-garde en une et les fait circuler. De quoi susciter des courriers.
Judith Coffin s’est penchée sur le fond des milliers de lettres conservées par la Bibliothèque nationale de France et s’est étonnée de lire de la complicité, de l’empathie, un intérêt réel de Beauvoir pour ses lecteurs et lectrices qui lui écrivaient sur des sujets parfois très intimes. La philosophe ne se contentait en effet pas de remerciements tout prêts, mais prodiguait conseils, encouragements, et s’engageait parfois dans de véritables conversations d’idées. Preuve qu’on n’a pas fini d’en apprendre sur Beauvoir.
➤ Sexe, Amour et Féminisme. Quand on écrivait à « Madame de Beauvoir » (592 p., 26,90 euros, et 18,90 euros en édition dématérialisée), de Judith Coffin, a été publié chez Plon. Il est disponible sur le site l’éditeur, ainsi que chez votre libraire.
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Simone de Beauvoir, Le Deuxième Sexe (1949)
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