Christian Boltanski : « L’artiste a un miroir à la place du visage »
Laissant l’émotion irradier des matériaux les plus ordinaires, le plasticien Christian Boltanski livre une œuvre hantée par les questions que nous posent la mémoire, le temps et la disparition.
À Malakoff, dans les Hauts-de-Seine, les pièces nues de l’atelier de Christian Boltanski sont filmées jour et nuit depuis janvier 2010 et le seront jusqu’à sa mort. Les images sont retransmises en direct dans une grotte en Tasmanie. Cette œuvre de longue durée a été achetée en viager par un collectionneur qui mise, pour rentrer dans ses fonds, sur une mort de l’artiste avant 2018. « Ce collectionneur possède ma mémoire, pas ma vie, ajoute Boltanski. J’ai voulu parler de l’impossibilité de conserver quoi que ce soit et de la décrépitude. Depuis trois ans, je vieillis vite. Dans quelques années, je deviendrai gâteux. Tout cela sera gravé. Aujourd’hui, la vieillesse et la mort sont masquées, il est très difficile de les montrer. » Pour autant, faut-il effacer la frontière entre l’art et la vie ? « Non, répond Boltanski, même si cet écart est réduit. Tout à l’heure, je suis sorti pour manger un sandwich, j’ai interrompu mon travail, comme les enfants qui jouent au cow-boy jusqu’au moment du goûter, où ils deviennent quelqu’un d’autre. Ne pas faire la différence entre l’art et la vie quotidienne, ça mène à la folie. »
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