Combat à coups d’équations

Georges Monbiot, Nassim Nicholas Taleb, propos recueillis par Myriam Dennehy publié le 4 min

Faut-il sortir du nucléaire ? Voici deux raisonnements reposant sur des probabilités, en même temps parfaitement fondés et diamétralement opposés. Si pour George Monbiot, l’abandon du nucléaire déboucherait sans doute sur une catastrophe climatique, Nassim Nicholas Taleb rappelle que les accidents de centrale sont des événements de faible probabilité, donc imprévisibles.

Contre : « Fukushima ne devrait pas sonner le glas du nucléaire »

George Monbiot

« La catastrophe nucléaire qui vient de frapper le Japon est grave ; celle qui menace la Chine pourrait être pire encore. “Quelle catastrophe ?” me demanderez-vous. La décision prise par le gouvernement chinois de suspendre l’autorisation de nouvelles centrales nucléaires. Si une telle mesure devient permanente, l’électricité qu’auraient dû produire ces centrales sera vraisemblablement générée par combustion de charbon. Or, si le nucléaire provoque des désastres en cas d’accident, le charbon, lui, provoque des désastres en temps normal. Et le charbon fonctionne plus souvent que le nucléaire ne dysfonctionne. La seule centrale à charbon qui soit fiable est celle qui a cessé de fonctionner.

Avant d’aller plus loin et de prêter à malentendu, permettez-moi de préciser quelle est ma position. Je ne suis pas converti au nucléaire. Mais, du moment que les quatre conditions suivantes sont satisfaites, je ne vois pas de raison de m’opposer à l’énergie atomique :

1. Que le total de ses émissions (de la fabrication au déchet) prouve qu’il s’agit bien là d’une option véritablement faible en carbone ;

2. Que nous sachions exactement où et comment les déchets seront enterrés ;

3. Que l’on nous dise quel en sera le coût et qui l’assurera ;

4. Que la législation empêche le détournement du nucléaire civil à des fins militaires.

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