Commençons par un test rapide

Alexandre Lacroix publié le 5 min

Voici quelques questions, essayez de répondre du tac au tac : Combien d’heures passez-vous chaque jour à travailler ? Combien d’argent aurez-vous gagné à la fin de ce mois ? Jusqu’à quand occuperez-vous votre poste actuel ? Pour qui travaillez-vous ? Faites-vous un travail utile ? Pourquoi travaillez-vous ?

 

Jusqu’à une période récente, disons jusqu’aux années 1980, répondre à de telles questions était en général facile et évident ; aujourd’hui, la situation est plus nébuleuse. Le temps de travail est difficile à évaluer. Avec les ordinateurs portables et les smartphones, nos e-mails et nos dossiers nous suivent du lever au coucher ; le moindre temps mort peut être mis à profit pour traiter une information. Dans de nombreuses professions, le salaire fixe n’est plus le nerf de la guerre ; ce sont les rémunérations variables qui font la différence. D’autre part, les emplois précaires – un actif sur deux en France – et la mobilité professionnelle rendent l’avenir peu planifiable. Pour ce qui est de la hiérarchie, elle s’est complexifiée dans les grandes entreprises : à qui faut-il rendre des comptes, in fine ? À son N + 1, à ses clients, au chief executive officer? Ou faut-il jouer la partie en solo et penser à son carnet d’adresses et au prochain poste pour lequel on pourra candidater, chez un concurrent ? Quant à la question de l’utilité des tâches, sans pécher par excès de nostalgie, elle ne se posait guère à un maréchal-ferrant ou à un potier. Mais prenons le cas d’un banquier spécialisé dans la vente de produits structurés aux collectivités locales ou d’un analyste-programmeur : comment expliqueront-ils leur métier à leurs enfants ou à leurs grands-parents ? Enfin, la question de savoir pourquoi on travaille, dans une société comme la nôtre, se pose : si l’on quitte son poste, la survie n’est pas menacée, du moins pas dans l’immédiat ; les indemnités chômage durent dix-huit mois, qui peuvent parfois être relayées par le RSA. Cette addition de facteurs explique que le sens du travail soit lui-même frappé d’incertitude.

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