Le travail, l'œuvre et l'action vus par Arendt
S’élevant contre une longue tradition philosophique qui dévalue la vie active en la soumettant au primat de la vie contemplative, Hannah Arendt propose, avec la distinction entre le travail, l’œuvre et l’action, une nouvelle définition de la condition humaine.
Vita activa vs. vita contemplativa
Il n’y a pas de nature humaine. Notre humanité nous est donnée sous le mode d’une condition, durable et changeante. À la différence de l’animal, l’homme pense, est capable de forger des outils, d’élaborer des artefacts et d’initier des actions – cela appartient à sa condition. Cependant, au cours de l’histoire, les données fondamentales de cette condition se disposent différemment. Au cœur de cette évolution : le statut qui est conféré à la vie active par rapport à la vie contemplative, et la hiérarchie interne entre les différents types d’activités. Arendt en distingue trois : le travail, la fabrication d’outils ou d’œuvres d’art et l’action proprement dite. La grandeur de l’Antiquité tient à la place éminente qui y était réservée à l’action et au bannissement du travail, associé à l’esclavage. À l’inverse, la modernité se définit par une attente démesurée placée dans le travail, espace où tout le monde est appelé à se réaliser mais aussi fardeau dont chacun cherche à s’émanciper. Que faisons-nous quand nous sommes actifs ? Nous ne faisons pas la même chose selon que nous travaillons en vue de subvenir à nos besoins, que nous fabriquons des artefacts ou que nous agissons avec d’autres dans la Cité. Les langues européennes témoignent de ces différences : work, labor, action en anglais ; arbeiten, werken, handeln en allemand ; poien, ergazesthai, arkein en grec ; laborare, facere, agere en latin ; travailler, œuvrer, agir. Arendt réévalue l’importance de la vie active car s’il est « tout à fait possible de traverser la vie sans jamais s’adonner à la contemplation, la vie active est ce à quoi aucun homme ne peut échapper ».
À l’occasion de la publication du Cahier de l’Herne consacré à Hannah Arendt et dirigé par Martine Leibovici et Aurore Mréjen, nous publions avec…
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