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Le 26 janvier 2021, Emmanuel Macron portant un masque avant une visioconférence à l’Élysée dans le cadre du Forum économique mondial qui se tient habituellement à Davos (Suisse). © Francois Mori/POOL/AFP

Politique/France

Covid-19 : que sommes-nous prêts à accepter ?

Charles Perragin publié le 18 février 2021 3 min

Avant l’annonce de chaque confinement, des « bruits » ont circulé dans les médias. Cela ressemble moins à des fuites qu’à une nouvelle méthode de communication, qui consiste à tester l’opinion en lui injectant des vérités désagréables à petites doses.

 

« Reconfinement imminent » a titré Le Journal du dimanche (JDD) le 24 janvier dernier. Le soir même, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal assure qu’aucune décision n’est prise. Les jours passent, et la spéculation politique se change en sport national. Qui a raison ? Difficile de remettre en cause le JDD. Le journal possède ses entrées dans les ministères. Alors Gabriel Attal cache-t-il la vé­rité ? Finalement, le Premier ministre a tranché : pas de confinement. 

Ces séquences de confusion intense, qui président à une décision forte de l’exécutif, sont récurrentes. Pour le premier et le second confinement, pour l’annonce des couvre-feux, même cacophonie. Pourquoi délivrer sous le manteau une information à un journal si c’est pour l’infirmer officiellement une semaine après ? À chaque fois qu’une telle annonce semi-officielle est faite, le gouvernement ne cherche pas vraiment à informer la population. La manœuvre vise plutôt à évaluer les réactions à une telle éventualité. Derrière les entretiens exclusifs de personnes au plus haut sommet de l’État, le JDD, comme d’autres médias, est parfois le support d’une expérience grandeur nature : tester l’acceptabilité sociale d’une décision difficile. 

La prise en considération de l’acceptabilité sociale est l’objet de travaux universitaires au Québec depuis une vingtaine d’années. À l’origine de ces études, les contestations croissantes au début des années 2000 autour de grands projets à fort impact environnemental : le Parc national du Mont-Orford ou l’exploitation de la mine aurifère de Canadian Malartic. La définition de l’acceptabilité sociale est sujette à con­troverse. Pierre Batellier, chercheur à l’Université du Québec à Montréal, n’en dénombre pas moins de treize versions, dont celle-ci, minimale : niveau d’approbation ou de désapprobation d’un projet.

Pourtant, au-delà de l’opinion, c’est bien le degré de résistance de la population que l’exécutif cherche à évaluer. On s’interroge plus sur la façon dont se manifeste le dissensus qu’au dissensus en tant que tel. Et pour cela, l’annonce par voie médiatique est plus efficace qu’un sondage. Au-delà de ce que pen­sent les citoyens, il est possible de mesurer assez finement leur capacité de résistance en jaugeant les réactions exprimées dans les médias ou sur les réseaux sociaux. Et de répondre à ces questions : quels sont les risques de manifestations – comme à Madrid – ou d’émeutes – comme aux Pays-Bas ? On comprend pourquoi l’évaluation de ces réactions potentielles est décisive pour la prise de décision politique.

Pierre Batellier remarque que l’acceptabilité sociale est souvent envisagée comme un moyen de réduire ou d’éviter le conflit dans des sociétés où les institutions représentatives traditionnelles sont de moins en moins capables d’arbitrer ou de relayer les requêtes citoyennes. En effet, les antagonismes sociaux s’expriment aussi en dehors des seuls exercices électoraux : les citoyens jugent, surveillent et résistent aux décisions politiques. La construction de la légitimité des gouvernants ne repose plus sur le seul rituel électoral et le jeu des institutions. Elle devient une notion fluctuante qui s’actualise sous la forme de réactions plus ou moins vives au moment de projets spécifiques ou de décisions concrètes, comme celle d’un nouveau confinement.

Au fond, si l’acceptabilité sociale devient un élément central pour la légitimité du pouvoir, pourquoi ne pas lui donner encore plus de poids ? Au lieu de simplement mesurer un degré d’assentiment, pourquoi ne pas formaliser des procédures de participation citoyenne qui permettraient d’améliorer un projet ou de proposer d’autres alternatives à un problème donné ? Corinne Gendron, sociologue et juriste qui a elle aussi travaillé sur la notion d’accessibilité sociale au Québec, donne cette définition : « assentiment de la population à un projet ou à une décision résultant du jugement collectif que ce projet ou cette décision est supérieur aux alternatives con­nues, y compris le statu quo ». Se dessinent ainsi d’autres versions de l’acceptabili­té sociale, davantage centrées sur l’émergence de dispositifs participatifs – signe, peut-être, que la démocratie elle-même se joue de plus en plus dans les inter­stices du pouvoir institutionnel.

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