Croire en ses rêves
Certes, les machines calculent aujourd’hui plus vite et mieux que nous autres humains. Cependant, il est un domaine qui échappe encore à la toute-puissance des algorithmes : nos songes, qui en disent long sur ce que nous sommes en tant qu’individus mais aussi en tant que société.
En matière d’anticipation, les machines ont sur l’être humain l’indéniable avantage de la puissance de calcul. C’est ce qui les rend capables de battre les plus grands joueurs d’échecs ou de go. Mais nous possédons une autre faculté d’anticipation que le calcul. C’est le rêve. Dans les premières pages de son essai Le Théâtre et son double (1938), Antonin Artaud rapporte un fait divers fascinant. Une nuit d’avril ou de mai 1720, le vice-roi de Sardaigne, Saint-Rémys, rêve qu’il est atteint de la peste et que toute la ville de Cagliari agonise avec lui. Le rêve est effroyable. Le lendemain, le vice-roi apprend qu’un navire de retour de Syrie, le Grand Saint-Antoine, demande l’autorisation de débarquer. Bouleversé par son rêve, le vice-roi refuse l’entrée du vaisseau dans le port, persuadé qu’il apporte la maladie. Et il ne se contente pas de ce simple refus, non, il menace de couler le navire à coups de canon s’il ne quitte pas les eaux sardes sur le champ. Artaud, qui a lu les archives de la ville, sous-entend qu’à l’époque, déjà – on est quand même au XVIIIe siècle –, la décision passe mal. La façon dont le chef d’État traite cet équipage est contraire à tous les usages diplomatiques, il est considéré comme un fou. La suite de l’histoire est mieux connue. Trois semaines plus tard, le Grand Saint-Antoine débarque sa cargaison et ses hommes à Marseille. L’épidémie de peste y éclate et fait des milliers de victimes. Ce qui vaudra au rêve du vice-roi Saint-Rémys d’être consigné dans les archives de la ville de Cagliari.
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