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Dipesh Chakrabarty. © Alan Thomas

Entretien

Dipesh Chakrabarty : “L’humanité est devenue une force géophysique comparable à l’astéroïde qui a anéanti les dinosaures”

Dipesh Chakrabarty, propos recueillis par Helena Schäfer publié le 20 mai 2022 6 min

Dans son nouvel ouvrage The Climate of History in a Planetary Age (« Le Climat de l’histoire à un âge planétaire », non traduit, The University of Chicago Press, 2021), l’historien indien Dipesh Chakrabarty soutient que les êtres humains doivent être compris non seulement comme des êtres culturels, mais aussi comme des forces géophysiques. Entretien avec l’un des fondateurs des « études subalternes », où il nous parle entre autres des feux de brousse, des bactéries, de la poussière d’étoiles et de l’effacement de la dichotomie nature-culture.

 

Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser en historien au réchauffement climatique ?

Dipesh Chakrabarty : Je viens de Calcutta, en Inde, une ville sans beaucoup de « nature ». J’ai déménagé à Canberra, en Australie, pour mon doctorat. En 2003, des feux de brousse dévastateurs ont eu lieu. Des êtres humains et des animaux ont été tués, et la « nature » que j’avais appris à aimer a été détruite. Des amis scientifiques parlaient du changement climatique. Je n’avais jamais été confronté à cette notion auparavant. J’ai dû demander de quoi il s’agissait. Au début des années 2000, des historiens comme moi étaient occupés à essayer d’expliquer la mondialisation. J’ai commencé à lire des rapports de géoscience, et ai été frappé en comprenant que l’humanité était devenue une force géophysique comparable à l’astéroïde qui a anéanti les dinosaures. Cette idée remet en question l’hypothèse traditionnelle d’un partage entre l’histoire humaine et l’histoire naturelle. Au moins depuis Hegel, nous avons pensé l’histoire humaine comme le domaine de la liberté.

 

Votre approche oppose deux manières de penser : le planétaire et le global. De quoi s’agit-il ?

L’histoire du globe est anthropocentrique : nous avons inventé des technologies, construit des navires et des empires, créé le capitalisme, colonisé et détruit d’autres peuples. Le global est associé à l’idée de durabilité. La durabilité signifie la tentative de laisser la terre de telle manière qu’elle puisse encore être utilisée par les générations futures. La catégorie de « planétaire », d’autre part, éloigne l’homme du centre. Depuis que nous sommes intervenus dans les processus planétaires qui permettent et font perdurer la vie, nous faisons partie de quelque chose de plus grand qui affecte toute vie. Nous pouvons provoquer des incendies, des inondations et des extinctions d’espèces. Le changement climatique est lié à des processus planétaires tels que la perturbation des cycles du carbone ou de l’azote. Jusqu’à présent, nous avons ignoré ces processus dans la manière dont nous écrivons l’histoire. Ce n’est plus possible. Plutôt que de durabilité, je parle donc d’« habitabilité ». J’interroge ce qui rend la planète habitable pour toutes les formes de vie multicellulaires. Une de ces conditions, c’est par exemple le taux d’oxygène dans notre atmosphère. Il doit être maintenu à un certain niveau pour éviter que tout ne s’enflamme, ou que les animaux n’étouffent. La planète a maintenu ce niveau viable pendant 375 millions d’années. Cette condition maintient la vie, et pas seulement celle des êtres humains.

Traduit par Octave Larmagnac-Matheron
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