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Les Quatre Saisons-L’Été, par Giuseppe Arcimboldo (cc) Wikimedia Commons

Emanuele Coccia : “Le virus est une force anarchique de métamorphose”

Emanuele Coccia, propos recueillis par Octave Larmagnac-Matheron publié le 26 mars 2020 8 min

Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, les virus envahissent les corps mais aussi les esprits. Mais que sont-ils vraiment ? Pour le philosophe Emanuele Coccia, les virus sont avant tout une puissance de transformation. En passant d’une créature à l’autre, ils attestent que nous procédons tous d’un même souffle de vie. Un pas de côté pour tempérer l’angoisse de la contagion ?

Dans votre dernier essai Métamorphoses, vous soutenez que tous les vivants procèdent d’une même vie qui se transmute sans cesse. N’est-ce pas ce dont nous faisons tous l’expérience malheureuse avec l’épidémie ? 

Emanuele Coccia : Les deux dernières pages de Métamorphoses – écrites bien avant la pandémie actuelle – sont consacrées aux virus. J’y esquisse l’idée que le virus est la manière dont le futur existe dans le présent. Le virus, en effet, est une force pure de métamorphose qui circule de vie en vie sans être limitée aux frontières d’un corps. Libre, anarchique, quasi immatériel, n’appartenant à aucun individu, il possède une capacité de transformer tous les vivants et leur permet de réaliser leur forme singulière. Pensez qu’une partie de notre ADN, sans doute autour de 8 %, serait d’origine virale ! Les virus sont une force de nouveauté, de modification, de transformation, ils ont un potentiel d’invention qui a joué un rôle essentiel dans l’évolution. Ils sont la preuve que nous sommes dans nos identités génétiques des bricolages multispécifiques. Gilles Deleuze écrivait, dans Mille Plateaux [avec Félix Guattari, Éd. de Minuit, 1980], que « nous faisons rhizome avec nos virus, ou plutôt nos virus nous font faire rhizome avec d’autres bêtes ». De ce point de vue, le futur est comme la maladie de l’identité, le cancer du présent : il contraint tous les vivants à se métamorphoser. Il faut bien tomber malade, se laisser contaminer, et éventuellement mourir, pour laisser la vie aller son cours et donner naissance au futur. 

 

“L’angoisse que nous éprouvons résulte en grande partie de ce que nous réalisons que le plus petit être vivant est capable de paralyser la civilisation la mieux équipée techniquement”

Emanuele Coccia

Cette manière de voir les choses peut sembler plus perturbante que rassurante…

La puissance transformatrice des virus a évidemment quelque chose d’angoissant à un moment où le Covid-19 est en train de changer profondément notre monde. La crise épidémiologique va finir par être dépassée, mais le surgissement de ce virus a déjà changé irréparablement nos modes de vie, les réalités sociales, les équilibres géopolitiques. L’angoisse que nous éprouvons aujourd’hui résulte en grande partie de ce que nous réalisons que le plus petit être vivant est capable de paralyser la civilisation humaine la mieux équipée d’un point de vue technique. Ce pouvoir transformateur d’un être invisible produit, je crois, une remise en cause du narcissisme de nos sociétés. 

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