Existe-t-il des amitiés animales ?
La vidéo a fait le tour du net : une jument échappée de son enclos et une biche sillonnent, ensemble, les rues de la petite ville de Chooz dans les Ardennes en pleine nuit. Rien ne prédestinait les deux animaux à s’entendre… et pourtant, depuis des mois, il semblerait qu’ils passent le plus clair de leur temps ensemble. De là à les considérer comme des amis ?
La biche et la jument
Que peuvent bien faire ensemble une biche et une jument ? Non que l’existence de relations d’attachement entre animaux soit particulièrement étonnante. Les bêtes ne sont pas solitaires, nous en avons d’innombrables exemples : l’attachement d’une mère pour son petit, et réciproquement ; le sens de la solidarité dans certains groupes de créatures sociales ; ou encore l’attirance sexuelle d’un animal pour l’autre. Le caractère inter-espèce de la relation est plus surprenant, mais pas non plus radicalement nouveau : les relations de symbiose sont légions, et transgressent même parfois la frontière des règnes (entre végétal et champignon, par exemple). L’éthologue Konrad Lorenz évoquait, de son côté, de jeunes oisons qui l’avaient adopté comme leur mère. On pourrait encore mentionner la relation, évidente, qui se noue entre les hommes et leurs animaux domestiques.
La vidéo de la caméra de surveillance municipale de Chooz (Ardennes), prise en juin 2021. © France 3 Grand Est
Ce qui surprend principalement, c’est l’absence d’intérêt immédiatement identifiable de la relation. Sans doute, comme l’explique le maire de Chooz à propos de la biche, « il y a cinq ans, sa mère a été tuée pendant la saison de la chasse. Elle avait traversé la Meuse et, perdue, avait rejoint un troupeau de moutons », avant de se rapprocher du cheval. Mais la biche est grande, aujourd’hui : elle n’a plus besoin de la jument pour survivre, pour maintenir ses fonctions vitales (à moins de supposer qu’elle jouerait le jeu pour attendrir les hommes et ses prémunir de leurs violences !) Contrairement à la harde de gibier de la même espèce, qui permet d’assurer par le groupe la protection de l’individu, la relation entre la biche et la jument ne revêt pas, semble-t-il, de caractère immunitaire. Aucun des deux animaux n’a, par ailleurs, d’intérêt reproductif dans l’affaire. Les deux grands critères – préservation de soi et perpétuation de l’espèce – qui définissent, traditionnellement, l’idée d’intérêt biologique, semblent mis en échec pour comprendre la situation.
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