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Léa Seydoux (au centre) dans le film “France” de Bruno Dumont. © RogerArpajou/3B

Cinéma

“France” : la misère humaine sous le soleil des plateaux télé

Frédéric Manzini publié le 12 septembre 2021 3 min

« Le cinéma est un moyen plus facile de faire de la philosophie », assure Bruno Dumont. Son nouveau film France, qui était en compétition à Cannes, occupe actuellement les salles de cinéma. Il faut dire que le réalisateur sait de quoi il parle, puisqu’il a été lui-même enseignant de philosophie avant d’embrasser la carrière de cinéaste. 

 




La bande-annonce du film France, de Bruno Dumont.
 

Mais que France donne-t-il à penser ? Est-ce le portrait d’une femme qui traverse une crise existentielle, ou bien une critique de la vacuité du monde des médias, ou bien encore une métaphore de notre société française dans son ensemble, en pleine perte de repères ? Peut-être un peu les trois à la fois… Analyse. 

 

Changement de milieu

En choisissant comme protagoniste une star du journalisme télé incarnée par une star du cinéma (Léa Seydoux), ce film semble aux antipodes de La Vie de Jésus (1997), L’Humanité (1999), ou Flandres (2006) – tous actuellement disponibles sur Arte.tv –, les premiers films de Bruno Dumont. Ces derniers dépeignaient les plaines du nord de la France, le désœuvrement de ses habitants, l’incommunicabilité et la rudesse des rapports humains malgré l’existence d’une fraternité sous-jacente, le tout avec des acteurs souvent non professionnels. Avec France, Bruno Dumont prend donc le contre-pied de ce cinéma dit « social » ou « réaliste » : son héroïne est riche, célèbre, belle, talentueuse, méprisante, cynique… et, pour dire les choses comme elles sont, détestable. Pourquoi donc ce personnage de France de Meurs est-elle aussi malheureuse alors qu’elle a tout pour être heureuse ? 

 

La vie continue malgré tout 

Le film pose ainsi une question aussi simple que profonde : à quoi tient le bonheur ? Une réponse possible : à l’absence de fêlures. Tant que le vernis ne craque pas… Mais entre accidents, couple en crise, scandales professionnels et burn-out existentiel, France de Meurs va finir par se fêler, justement. C’est au son d’un chant grégorien annonçant l’apocalypse que son monde petit-bourgeois étriqué s’effondre. Seulement en façade ? C’est en effet comme si la remise en question qu’elle traversait n’affectait finalement son rythme quotidien qu’en surface. France se découvre certes fragile et empathique, France souffre, France se remet en question, et pourtant France demeure, c’est-à-dire qu’elle poursuit sa carrière à peu près comme si de rien n’était. Mystère de la condition humaine, où les affects les plus intimes n’ont pas nécessairement de traduction extérieure, dans le monde social. 

 

Papier glacé, malaise glaçant

L’intrigue du film conduit France à être manipulée. Et alors ? Elle-même arrangeait volontiers la réalité dans ses reportages de guerre ou sur les migrants tournés à la va-vite. Rien de grave, finalement. Malhonnêteté ou honnêteté, objectivité ou obscénité, tout se vaut, et la vie continue, dans une certaine forme d’indifférence à la vérité qui n’est pas sans rappeler les analyses de Pierre Bourdieu sur la télévision : c’est son mode de fonctionnement normal, et tout le monde s’en accommode. C’est finalement cela qui crée le malaise le plus glaçant dans France. Puisque le titre du film désigne plus généralement notre pays, le spectateur en vient à se demander si la journaliste n’est pas une allégorie de notre société, qui aurait vocation à montrer que nous vivons toutes et tous de manière superficielle et factice. N’est-ce pas nous qui, collectivement, dans notre vie privilégiée qui côtoie la guerre sans pourtant être touchée par elle, avons perdons nos repères et nos valeurs ? Sous une forme nouvelle, le cinéma de Bruno Dumont continue de dépeindre la grandeur et la misère de la condition humaine, une ambivalence ici mise en lumière par les spotlights des plateaux télé.

 

> France, de Bruno Dumont, avec Léa Seydoux, Blanche Gardin, Benjamin Biolay est actuellement en salles (durée : 2h14).
> La Cinémathèque française (51, rue de Bercy, Paris XIIe) consacre une rétrospective à l’œuvre de Bruno Dumont jusqu’au 16 septembre.
> Arte.tv propose aussi de (re)voir cinq de ses longs-métrages et ses séries P’tit Quinquin et Coin-coin et les Z’inhumains.

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