Au bistrot

François Roustang. L'hypnotiseur

François Roustang, propos recueillis par Juliette Cerf publié le 4 min

« Se connaître est la démangeaison des imbéciles… » Placée en exergue à La Fin de la plainte, cette phrase de Georges Bernanos donne la teneur de l’œuvre hétérodoxe de François Roustang. Ce dernier n’a jamais cessé de préférer l’action à la connaissance, le changement à la répétition. Ses 86 ans n’y font rien ; le thérapeute insolent, insatiable lecteur de philosophie, continue à donner de grands coups de pied dans la fourmilière. Sa vie a été jalonnée par des ruptures fracassantes avec l’institution : cet ancien jésuite, directeur de la revue Christus, a été « libéré » par sa psychanalyse avec Serge Leclaire. Devenu psychanalyste à son tour, il a rejoint l’École freudienne de Paris avant de s’attaquer à Freud et Lacan, en un nouveau geste d’émancipation. Que ce soit dans Un destin si funeste…Elle ne le lâche plus ou Lacan. De l’équivoque à l’impasse – trois livres aujourd’hui réédités –, il a eu l’audace de faire vaciller la statue des deux commandeurs, maîtres de la discipline psychanalytique. Et de faire disparaître du même coup l’ombre portée de Narcisse et de Psyché… Fin de la plainte. Et du culte de soi. Place à la liberté. Et à l’influence du monde. Contre le transfert et l’interprétation chers à Freud, contre les « trucages » de Lacan, ce « prestidigitateur de génie », François Roustang se dit fasciné par le mouvement créatif suivant lequel quelqu’un passe d’un état de souffrance à une forme de liberté. « D’après Freud, le rapport névrotique se transforme en névrose de transfert. Le transfert reproduit ainsi le rapport maladif, tandis que je crois, pour ma part, qu’il faut absorber le symptôme. C’est-à-dire perdre le souci de penser pour se replonger dans la réalité de sa vie, laisser les choses advenir », explique François Roustang. 

Expresso : les parcours interactifs
Comment résister à la paraphrase ?
« Éviter la paraphrase » : combien de fois avez-vous lu ou entendu cette phrase en cours de philo ? Sauf que ça ne s’improvise pas : encore faut-il apprendre à la reconnaître, à comprendre pourquoi elle apparaît et comment y résister ! 
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