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© Serge Picard pour Philosophie magazine  - Paris le 2 mars 2020

Glenn Albrecht : “Nous avions besoin d’un mot pour nommer nos émotions quand le monde où nous habitons s’effondre”

Glenn Albrecht, propos recueillis par Alexandre Lacroix publié le 03 juillet 2020 15 min

Et ce mot, c’est « solastalgie ». Avec ce concept – et de nombreux autres –, le philosophe transdisciplinaire australien Glenn Albrecht invite à prendre conscience de la manière dont les émotions humaines interagissent avec l’état des écosystèmes terrestres, le réchauffement climatique ou les pandémies.

C’est avec joie que nous avons appris la parution des Émotions de la Terre (aux éditions Les Liens qui Libèrent), l’unique livre non collectif de Glenn Albrecht. Ce philosophe australien est en effet une étoile montante des « humanités écologiques ». En 2005, dans un article de recherche, il a avancé un concept nouveau qui a suscité de nombreux travaux et débats à travers le monde : la « solastalgie ». La solastalgie désigne le sentiment de désolation qui vous étreint quand votre environnement a été abîmé ou devient méconnaissable, suite à une exploitation industrielle trop intense ou des dommages écologiques. Partout sur la planète, en une génération, nous voyons des lieux dévastés : glaciers des Alpes dont les névés rétrécissent, bords de mer souillés par une marée noire, forêts primaires déboisées, centaines de milliers d’hectares sur lesquels sont passés des incendies laissant des friches calcinées, comme ce fut le cas, au cours de l’année écoulée, en Amazonie, en Californie, en Australie ou en Sibérie... Le grand mérite d’Albrecht est d’avoir ramené cette dimension de l’émotion au cœur de la réflexion écologique. 

À la lecture, son ouvrage n’a pas cependant tenu toutes ses promesses. Après le succès du néologisme « solastalgie », il s’est mis à inventer systématiquement des mots nouveaux : le Symbiocène (l’ère qui devrait, selon ses vœux, succéder à l’Anthropocène), la symbiocratie, le tierracide, le meuacide... Les Émotions de la Terre ne propose pas vraiment une démonstration mais plutôt un catalogue d’expressions bizarres. Mais, surtout, certaines pages, au cours desquelles Albrecht s’aventure sur le terrain de la proposition politique, font clairement tiquer. Il propose en effet de renoncer au système du droit moderne (accusé de défendre la propriété privée) mais aussi à la démocratie (trop anthropocentrée) pour imaginer un monde symbiotique et inclusif, où la science citoyenne serait engagée dans la conduite des sociétés humaines. Tout cela part certainement d’une bonne intention, mais un désaccord s’est fait jour dans la dernière partie de notre entretien. Le droit et la démocratie sont-ils nos remparts contre la surexploitation de l’homme et de la nature ? Ou bien, comme le pense Albrecht, nous mènent-ils au triomphe de Trump et au réchauffement climatique ?

Glenn Albrecht en 6 dates

  • 1953 Naît à Perth (Australie)
  • 1969 Le suicide de son père le laisse dévasté
  • 2005 Crée le terme de « solastalgie »
  • 2008 Quitte l’université de Newcastle pour enseigner à l’université de Sydney
  • 2014 Prend sa retraite de l’université de Sydney
  • 2020 Les Émotions de la Terre paraît en France. Il est salué par le collapsologue Pablo Servigne comme un livre « d’une importance capitale »

Commençons par une question insolite : selon vous, la mobilisation serait-elle plus forte si nous étions confrontés non à un réchauffement mais à un refroidissement climatique ?

Glenn Albrecht : Voilà une question intéressante à mes yeux, car je pense précisément que nos comportements face à la crise écologique dépendent de nos ressentis. Comme j’ai grandi en Australie, la cryosphère représente pour moi un lieu étrange. Je n’ai presque jamais eu de contact avec la neige ni avec la glace, sauf dans certains cas d’averses spectaculaires de grêlons de la taille d’une orange. Aussi, je peux me tromper mais je pense que le feu engendre des changements rapides et chaotiques, tandis que le froid s’apparente à un poison lent. Le réchauffement climatique nous entraîne vers le chaos, tandis qu’un refroidissement endormirait nos civilisations en les ralentissant jusqu’à l’inertie.

 

Votre réflexion sur l’écologie est étroitement liée aux lieux dans lesquels vous avez vécu. Pouvez-vous les décrire ?

Je suis né en 1953 dans la ville de Perth, à l’extrême ouest de l’Australie, et j’ai été élevé dans sa banlieue ouvrière, à Manning. Je me suis épanoui là-bas ; j’étais un enfant hâlé qui passait ses journées dans le bush. J’ai aussi découvert la nature sauvage chez mes grands-parents, à Deanmill, au milieu de parcs naturels. Ces premières expériences ont décidé de mon amour de la nature mais aussi du local et de l’endémisme. L’ouest de l’Australie est l’une des parties du monde qui abrite le plus d’espèces endémiques, notamment des plantes à fleurs. Cela crée un fort sentiment de singularité. Si vous soulevez une pierre et que vous découvrez un serpent ou une araignée, ceux-ci sont peut-être entièrement différents d’autres serpents et d’autres araignées que vous avez observés à seulement quelques kilomètres de là ; ils ont connu des évolutions juxtaposées mais non croisées. Tout se présente comme frappé du sceau de l’unicité. Si vous êtes familier de telles régions, vous développez le « sens du lieu », vous ressentez l’identité comme toujours ancrée dans une géographie particulière, à la fois biophysiquement et culturellement. 

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