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Tugan Sokhiev, conjointement à la tête de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse et de l’Orchestre du Théâtre Bolchoï, a été pressé par la mairie de Toulouse (par ailleurs jumelée avec Kiev) de se prononcer sur la guerre. Ici, en juin 2019. © Michaela Rihova/AP/Sipa

Analyse

Guerre : la musique classique (russe) en sourdine ?

Victorine de Oliveira publié le 12 mars 2022 8 min

Depuis le début de la guerre, le monde de la musique classique est secoué par des polémiques après le refus des chefs d’orchestre Valery Gergiev et Tugan Sokhiev de s’exprimer explicitement contre Vladimir Poutine. Certains, inversement, craignent que des œuvres de compositeurs russes ne soient déprogrammées. La musique classique doit-elle être neutre en temps de guerre ? La question, complexe, n’est cependant pas récente.

 

Musique neutre

Si la musique pop (à prendre dans son sens le plus large) est un terrain régulier d’engagements politiques et sociaux, comme en témoigne la profusion de protest songs et de prises de parole des artistes concernés dans les médias ou sur les réseaux sociaux, la musique classique jouit d’une forme de neutralité. Parce qu’elle concerne un public plus restreint, on demande rarement son avis à un(e) violoniste ou à un chef d’orchestre sur la dernière déclaration d’Emmanuel Macron ou le conflit israélo-palestinien. Et lorsque cela arrive, les réponses se veulent le plus souvent consensuelles : la musique est un vecteur de paix, elle s’adresse à tous pour transcender les conflits, elle ignore les différences de genre, de classe ou les frontières pour diffuser un message universellement compréhensible d’harmonie…

Si l’on sort la musique de son contexte historique et social, ce discours est recevable. Lorsqu’on l’étudie comme pure partition, ou si on l’analyse d’un point de vue phénoménologique, en se concentrant sur l’effet qu’elle produit sur nous, la musique dite « savante » ne transmet aucun message explicite : difficile, en effet, de traduire des harmonies, des changements de tonalité ou une orchestration donnée en indignation politique ou en louanges. Si la musique peut avoir recours à un certain figuralisme, c’est-à-dire qu’elle peut imiter une tempête, un chant d’oiseau particulier, ou une bataille sur un sol de glace, elle demeure prisonnière – ou libre, selon le point de vue – de son langage sans parole. Elle évoque, mais ne plaide pas, n’argumente pas, ne raisonne pas. Comme l’écrit Francis Wolff dans Pourquoi la musique ? (Fayard, 2015) : « De l’enfant qui tape sur son assiette avec sa cuillère au flûtiste du Paléolithique, du chanteur des rues à Chostakovitch, tous les musiciens représentent un monde idéal d’événements qui adviennent en ordre et se comprennent les uns par les autres ; et ce monde, ils le créent ou ils l’imaginent à partir des propriétés sensibles des événements, leurs sons, leur durée, hauteur, timbre, intensité. La musique réalise des mondes imaginaires que la métaphysique ne peut pas même imaginer, où nos pourquoi sont satisfaits. »

 

Zone grise

Compositeurs et interprètes ont toutefois mis à de nombreuses reprises leur art au service d’un engagement politique, en se servant notamment de l’ambiguïté de la musique. Si l’on se concentre plus particulièrement sur la Russie ou l’ex-URSS, les cas de Sergueï Prokofiev (1891-1953) et de Dmitri Chostakovitch (1906-1975) sont intéressants. Aucun de ces deux compositeurs ne s’est jamais prononcé ouvertement contre le régime soviétique. Prokofiev a écrit la musique de films adoubés par le pouvoir, signés Eisenstein. Ainsi Alexandre Nevski (1938), et la cantate que Prokoviev tire ensuite de sa partition, met notamment en scène le prince Nevski qui parvient, au terme d’une bataille héroïque, à repousser l’invasion des chevaliers teutoniques. En 1947, le compositeur est même proclamé « Artiste du peuple ».

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