Jean-Louis Trintignant, l’acteur qui pensait à la mort “pour mieux vivre”
Jean-Louis Trintignant avouait penser au suicide depuis toujours – sujet « pas forcément gai » et pourtant, sans doute, moins dramatique qu’on ne le croit. Jouer à se faire peur : par obsession pour la mort peut-être, amour de la vie, encore plus ? Telle est la proposition qu’il faisait sur un plateau de télévision en 1979. Retour sur cette étonnante prise de position, alors que l’acteur nous a quittés vendredi dernier.
“On pourrait parler de la mort d’une manière qui ne soit pas angoissante”
« Je suis mort le jour où Marie est morte », déclarait Jean-Louis Trintignant depuis la mort de sa fille, l’actrice Marie Trintignant, tuée par son compagnon Bertrand Cantat en 2003. Lui qui hésitait entre « berger » et « acteur de cinéma » a finalement opté pour ce dernier métier « mieux payé ! », quoiqu’il préférait la clandestinité des planches de théâtre ou celles des vignes, où il s’éclipsait parfois durant plusieurs années. Jean-Louis Trintignant tourna dans 130 films, dont Et Dieu... créa la femme (Roger Vadim, 1956), Un homme et une femme (Claude Lelouch, 1966), Ma nuit chez Maud (Éric Rohmer, 1969), ou encore Amour (Michael Haneke, 2012).
Ce dernier film dérangeant est représentatif de sa philosophie : « Au bout d’un moment, il faut parler d’autre chose que d’amour. » De la mort, par exemple ? qui est une autre manière de parler de la vie : « On pourrait en parler d’une manière qui ne soit pas angoissante. » Dans une société qui alimente la peur de la mort et le déni de la finitude humaine, Jean-Louis Trintignant souhaitait en proposer une autre vision, comme partie intégrante de la nature et de la vie, dans la continuité de la sagesse antique. Il s’en expliquait en 1979 sur un plateau de télévision.
“On devrait vivre comme si on allait mourir demain”
« La mort est présente en moi par rapport à la vie », assure-t-il. Jean-Louis Trintignant se défendait de toute idée triste, morbide : « C’est une philosophie, une façon de vivre mieux, d’apprécier. On se dit toujours “on a le temps”, mais l’être humain perd du temps. » Intégrer la mort dans son existence, c’est paradoxalement la seule manière de s’en libérer : ne pas la fuir mais l’affronter, lui faire face, en faire un stimulant, transformer la crainte de la mort en amour de la vie. « On devrait vivre chacun comme si on allait mourir le lendemain. Fumer une cigarette comme si c’était la dernière, boire un verre de vin comme si c’était le dernier, faire l’amour comme si c’était la dernière fois. »
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