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Biographie

Kierkegaard. Le défi d’être soi

Cécilia Bognon-Küss publié le 23 février 2011 10 min

« Un jour viendra où ce seront non seulement mes œuvres, mais encore ma vie, le secret fascinant de tout l’édifice, qui seront étudiées et étudiées… », écrit Søren Kierkegaard en 1847. L’auteur semble pourtant s’être appliqué à dérober l’objet de cette étude à la sagacité de son lecteur. Insaisissable derrière le foisonnement de ses noms d’emprunt, Kierkegaard, spectateur de lui-même, a porté sur sa vie un regard d’esthète. Dans son Journal, mise en scène poétique de son existence, contradictions et omissions se succèdent à dessein, comme pour renforcer l’opacité orchestrée par la polyphonie de son œuvre. Alors que son hermétisme apparaît à Kierkegaard comme une consolation – « personne ne trouvera dans mes écrits la moindre information sur ce qui remplissait réellement ma vie », note-t-il – celui que l’on tient pour le père de l’existentialisme manie le verbe comme un duelliste, marquant les oppositions au lieu de les aplanir, et suscitant le trouble au lieu de l’éteindre… C’est dans les replis du moi que Kierkegaard, tour à tour dandy, éthicien et prêcheur, farouche adversaire de la trompeuse dialectique et des « pasteurs salariés », entend sonder les abîmes de l’existence humaine.

Septième enfant d’une famille originaire de la très rude province du Jutland, Søren Aabye Kierkegaard est né le 5 mai 1813, dans une maison bourgeoise de Copenhague. Fils d’un bonnetier parvenu, austère et mélancolique, Søren est élevé dans le sentiment du péché et l’incertitude du salut de son âme. Son patronyme, d’ailleurs, semble le prédestiner – kirkegård signifie « cimetière » en danois. « Déguisé en vieil homme mélancolique » par l’éducation du patriarche, il entretient dès lors un rapport ambigu avec cet « insensé » christianisme qui fait peser sur des épaules trop frêles le poids du péché terrestre : à l’angoisse qu’il suscite se mêlera cependant une irrésistible attraction. Toujours vêtu de pantalons ridiculement courts, laissant apparaître des chaussettes en laine dont son père faisait commerce, il est baptisé Søren Sock par ses camarades de classe qui en dressent un portrait contrasté, à la fois taciturne et provocateur, discret et insolent – enfant, il n’hésite pas à interrompre son professeur qui lit ses compositions, en lui lançant un livre à la tête.

« Ce qui me manque, au fond, c'est de voir clair en moi, de savoir ce que je dois faire, et non ce que je dois connaître »

Ne manifestant de réel intérêt ni pour les études, ni pour l’écriture, mais néanmoins bon élève, Kierkegaard entame un cursus de théologie à l’université de Copenhague en 1831. Mais le conflit sourd déjà en lui. Søren, qui désespère de l’idée que toute chose serait entachée du péché, nourrit une aversion profonde pour les châtiments qui hantent la maison de son père. L’au-delà semble ne promettre qu’un éternel tourment, et la vie chrétienne, au lieu de renforcer notre humanité, l’affaiblit : « En comparaison des païens, les chrétiens sont comme des castrats par rapport à des étalons », lance-t-il dans son Journal en 1835. Alors qu’à Copenhague l’autorité de l’Église d’État est ébranlée par des mouvements de dissidence religieuse, Kierkegaard tourne le dos au sombre piétisme et à la funeste orthodoxie. Contre les chrétiens-philosophes qui tiennent le haut du pavé, il préfère l’intériorité d’une foi humble que le clergé ne saurait médiatiser. Rebuté par la vacuité de la spéculation – « Ce qui me manque, au fond, c’est de voir clair en moi, de savoir ce que je dois faire, et non ce que je dois connaître » – il déclare rechercher « une vérité qui en soit une pour (lui) ». Car pour valoir quelque chose, le savoir doit devenir une part vivante du moi. Dans cette fronde contre la froide objectivité du vrai, Kierkegaard se met en quête de « l’idée pour laquelle il veut vivre et mourir ».

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Article issu du magazine n°47 février 2011 Lire en ligne
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