« La monogamie, une exception chez les mammifères »
C’est inévitable : dès qu’on se met à parler de vie à deux, il y en a toujours un pour citer le règne animal, ses mâles volages et ses femelles qui nidifient. Sauf que la nature est autrement plus subtile, nous explique l’éthologue Frank Cézilly.
Dans le règne animal, la monogamie constitue-t-elle la règle ou bien l’exception ?
Franck Cézilly : Si l’on s’en tient aux mammifères, elle apparaît plutôt comme une exception notable. Nous parlons ici de la monogamie animale au sens de mode d’organisation sociale de la reproduction, à savoir le fait que, lors d’un cycle de reproduction, un mâle s’accouple avec une seule femelle, et réciproquement. Ce régime d’appariement exclusif ne concerne qu’environ 5 % des mammifères et entre 10 et 12 % des primates. Dans l’immense majorité des cas, les mammifères sont polygynes ; un mâle s’associe avec plusieurs femelles, tandis que chaque femelle n’est associée qu’à un unique mâle. Ce modèle général recouvre des schémas très divers. Parfois, on se trouve face à une structure de harem, où un seul mâle peut monopoliser plusieurs femelles qui vivent regroupées et se déplacent ensemble. Les mâles qui ne réussissent pas à prendre le contrôle d’un harem vivent alors isolés ou en groupes de célibataires, et n’ont pas accès à la reproduction. C’est le cas chez les équidés (chevaux, ânes, zèbres), les lions ou les gorilles de montagne, par exemple. Une forme différente de polygynie correspond au cas où les mâles ne défendent pas un groupe de femelles à proprement parler, mais plutôt un large territoire qui recoupe ceux, plus petits, de plusieurs femelles. C’est notamment le cas chez les tigres et les orangs-outans. Un autre régime d’appariement souvent observé correspond à la promiscuité : au sein d’un groupe vivant sur un territoire donné, chaque mâle peut copuler avec plusieurs femelles du groupe et réciproquement. Cette situation se rencontre notamment chez les chimpanzés et les bonobos qui, sur le plan phylogénétique [de leur patrimoine génétique], sont les plus proches de l’homme.
Biologiste rendu célèbre par ses oies cendrées, Konrad Lorenz n’a cessé d’éclairer le comportement humain à la lumière d’exemples empruntés au monde animal. Et d’observer jusque dans ses propres actes l’importance du rituel.
Neurologue et psychiatre, Boris Cyrulnik est aussi une figure de l’éthologie, science qui observe les êtres vivants dans leur milieu naturel. Il revient sur la notion de résilience et sur l’importance de la perception et de la…
Des Na de Chine aux Peuls du Cameroun, l’ethnologue Laurent Barry éclaire les subtilités d’un phénomène à géométrie variable. Avant de revenir en Occident où les jours de la monogamie pourraient être comptés.
En se dégageant des affaires internationales, Donald Trump donne un sens nouveau à l’exceptionnalisme américain. Mais, dans un monde où de plus en…
Il tient le haut de l’affiche du Théâtre de la Porte-Saint-Martin (à Paris) dans “La Carpe et le Lapin”, aux côtés de Catherine Frot. Avec elle, Vincent Dedienne interprète un mille-feuille cocasse de textes, de danses et de chants,…
Être capable de se projeter dans les émotions des autres n’est pas seulement une capacité fondamentale que nous partageons avec tous les…
Les mauvais traitements que nous infligeons aux animaux doivent-ils être sanctionnés par la loi ? Pour Thomas Regan, philosophe américain aux thèses discutées dans le monde anglo-saxon, nous avons des obligations morales envers tout…
Nous ne sommes pas des mammifères marins et, pourtant, nous nous glissons dans l’eau avec délice. Plongée dans un paradoxe philosophique ! …