L’actualité commentée par Heinz Wismann
« Le livre a acquis un statut quasi sacré »
19 novembre 2007, Amazon lance le Kindle, son livre électronique
Après le Sony Reader en 2004, le libraire en ligne Amazon.com lance le Kindle. Cet écran de 300 g permet d’accéder via Internet à un catalogue de 90 000 livres. Le livre-écran est-il en passe de se substituer au livre-papier ? Dans l’histoire, le livre ne s’est pas toujours présenté sous sa forme actuelle. Initialement, le mot grec biblos désignait des papyrus roulés dans des jarres. Et la bibliothèque d’Alexandrie était constituée de vases emplis de rouleaux. Ce n’est que plus tard qu’on a utilisé des feuilles produites avec des écorces de bois, du hêtre en l’occurence. Le mot « livre » vient de liber,
en latin, le « hêtre ». Comme Buch en allemand. Le livre n’a cessé de changer de forme, alors pourquoi résister à la substitution du papier à l’écran ? Le livre ne se réduit pas à son contenu. Il parle aussi bien à la vue qu’à l’intellect, mais aussi à la main selon son poids et son volume, et il a même une odeur. Le livre a par ailleurs acquis un statut quasi sacré : le texte ne doit pas s’effacer. Cet impératif remonte à la Bible, un texte qui promet le salut des hommes. Mais il s’est renforcé à la Renaissance avec l’impression des textes antiques : ces textes préfiguraient toute possibilité d’intelligence de notre existence. Il s’est alors opéré une superposition entre textes antiques et textes bibliques : ils représentaient quelque chose de définitif. Le livre a hérité de ce prestige lié à un message qui doit rester celui qu’il est, « un monument plus durable que l’airain », disait Horace. L’interdit de brûler des ouvrages relève de la même logique. Effacer le texte est devenu sacrilège. Comme un cimetière, le livre est un lieu de mémoire. Or justement le livre électronique menace cette valeur : sur l’écran, les pages sont vouées à s’effacer et à se substituer les unes aux autres. Il faut en mesurer l’impact psychologique et symbolique.
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