Laurie Shrage : “Rendre la pratique de l’avortement intelligible aux traditions religieuses et conservatrices”
Pour la philosophe américaine Laurie Shrage, la remise en cause du droit à l’interruption volontaire de grossesse par la Cour suprême de son pays est autant une victoire des conservateurs que le signe d’un échec du débat démocratique.
Comment les droits à l’avortement peuvent-ils encore être remis en question aujourd’hui ?
Laurie Shrage : En 1973, beaucoup d’États américains étaient sur le point de libéraliser leur législation concernant l’avortement. La décision Roe v. Wade abolissait une loi du Texas extrêmement restrictive et annulait aussi les lois sur l’avortement de presque cinquante États, dont certaines avaient déjà été réformées mais ne correspondaient pas au nouveau cadre réglementaire. Pour ses opposants, cet arrêt était allé trop loin en permettant ce qu’ils qualifiaient d’« avortement à la demande » durant les six ou sept premier mois de grossesse. Mais il y a eu également des critiques libérales, affirmant que la Cour suprême aurait uniquement dû annuler la loi du Texas, tout en permettant aux États et au Congrès d’adopter de nouvelles législations. Dans les deux camps, de nombreuses personnes considéraient donc Roe comme une mesure agressive de la Cour suprême. Aujourd’hui, si cet arrêt est annulé, chaque État, guidé par sa propre constitution et ses propres tribunaux, façonnera des lois contrôlant l’accès à l’avortement. Il est très probable que l’on obtienne un patchwork de législations, avec approximativement la moitié des États imposant des lois plus restrictives qui n’auraient pas été possibles sous Roe, et une autre moitié intégrant un équivalent du régime réglementaire Roe dans leur propre loi d’État. La constitution fédérale américaine ne garantit pas explicitement le droit à la vie privée, ni l’égalité de toute personne sans considération du sexe. L’ambiguïté sur ces sujets offre beaucoup de pouvoir à des responsables non élus, tels les juges de la Cour suprême. C’est une faiblesse de notre démocratie.
Pas si vite nous dit Spinoza, dans cet éloge à la fois vibrant, joyeux et raisonné de l'amour en général.
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